07 février, 2006

A propos de Lewis Trondheim

Quelques petites réflexions à propos de notre nouveau Grand Prix d'Angoulême. Un choix qui ne se discute pas, c'est l'évidence. Un talent énorme, une sensibilité hors-pair, une capacité à provoquer l'émotion et l'intérêt. De loin l'auteur de la "nouvelle vague de la BD" (et non de "la nouvelle BD", comme avait osé l'écrire Hugues Dayez dans son livre - quel titre regrettable...) qui rassemble le plus de qualités. J'ai été sincèrement heureux quand j'ai appris le choix de l'Académie des Grands Prix.

Je n'ai pas encore plongé dans Donjon. Ma série préférée de Trondheim est donc Lapinot et mon album préféré est Vacances de Printemps. Ironie de l'histoire, c'est le seul qu'il n'a pas scénarisé. Faut-il y voir un symbole de ce qui me chagrine aujourd'hui ?

Si l'auteur me semble impeccable, l'homme ne me fascine pas outre mesure. Je veux bien sûr parler de ses déclarations à l'emporte pièce et à son humour qui souffle en permanence le chaud et le froid. En fait, je serais presque tenté de voir pafois un peu de malhonnêteté : non, il n'est pas (ou plus) le représentant de l'underground. Non, il n'est pas un auteur inconnu. Oui, il vend énormément. Oui, il est commercial. Non, il n'est pas un ermite. Oui, il est mondain. Et peut-être que oui, il est Frantico. Et comme par hasard, cet album (Le Blog de Frantico, dont l'humour est loin de m'avoir convaincu) est édité par une grande maison, et aussitôt sélectionné à Angoulême ! On a connu des coups de bluffs autrement plus réussis ou honnêtes...

En somme, en tant qu'auteur BD catalogué sans doute "mainstream", ce qui est parfois une vraie tare dans ce milieu, je m'interroge parfois sur la sincérité de nos éminents auteurs à la mode, dont Trondheim est le chef de file. Je reconnais son talent et j'oserais même dire son génie. Ses Carnets sont pour moi une lecture obligatoire. Mais le double jeu médiatico-introspectif est un peu lassant. Et je n'aime pas ceux qui prennent des poses. Lewis est devenu un auteur incontournable et nécessaire - dans un certain registre. Un registre qui n'a aucune audace, et qui est beaucoup plus grand public que des séries jugées à tort populaires.

Restons modestes et fair-play, please !

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