26 février, 2007

Césars




Il y avait bien longtemps que je n'avais pas regardé une cérémonie des Césars - je me souviens que lors de mon adolescence, passionné que j'étais par le cinéma (entre 15 et 22 ans, je voulais vraiment devenir réalisateur), je ne ratais jamais cette grand messe de la profession. Le problème, bien évidemment classique, c'est qu'entre l'entrée dans la vie active et la "fondation" d'une famille, on va moins au cinéma et on est donc moins accro à l'actualité du 7e art. Il n'empêche que je me suis replongé avec un certain plaisir dans cette cérémonie (en fait je ne suis arrivé qu'au milieu, au moment où on rendait hommage à Gérard Oury - un moment très émouvant quand même) et j'ai trouvé que ça fonctionnait bien. Canet et Cluzet passaient très bien, et il y a même eu pas mal de surprises avec le triomphe de Lady Chatterley et Ne le dis à personne et l'effondrement inattendu de Indigènes. Même Marlène Jobert m'a semblé très bien, c'est dire !


Bref, tout ça pour dire que je mets ici les chroniques de notre ami El Bacos sur les deux films stars de la soirée qui n'avaient pas été publiées sur ce blog à l'époque (mieux vaut tard que jamais, comme on dit...) :




Lady Chaterley * * *
de pascale ferran avec marina hands, jean louis collouch, hypolyte girardot

années 20, campagne anglaise, constance chatterley, jeune femme d'un riche Lord, paralysé, vit une relation physique intense avec le garde chasse

film à hautement recommander, tout en prévenant à l'avance: près de 2h45, d'un rythme lent, peu d'actions, scènes contemplatives et un peu répétitives. oui mais d'un roman certes pas majeur mais marquant, pascale ferran ("petits arrangements...") fait un mélo qui s'assume, haut de gamme. d'un roman dit "érotique", on pouvait soit faire du M6, comme le faisait Just Jaeckin à une époque, avec reconstitution classe, garde chasse bellatre, image hamiltonienne, soupirs de Constance, etc. ou vu par une femme exigeante, un film très dépouillé, intelligent par sa simplicité et sa vérité, qui a ce mérite immense de ne pas chercher à faire joli, à faire "dans l'époque". ce qu'aurait pu faire sofia coppola avec "marie antoinette", mais qui restait encore trop conforme à des codes esthétiques. l'histoire et les sentiments avant tout. la nature, acteur principal, la fôret, l'herbe, les animaux, les bruits, la lumière de fin d'hiver puis d'été, bref de la vraie sensualité. la passion va crescendo, le sexe entre eux deux est progressif, maladroit d'abord, géné, puis progressivement libéré, plus direct. pascale ferran ne "montre" pas délibérément mais ne cache pas non plus, ces scènes étant essentielles dans l'intrigue, le désir est omniprésent, bien plus que les sentiments amoureux. c'est un vrai mélo, avec ce qu'il faut en apparence de naiveté dans les dialogues, mais avec toujours de la distance, les non dits sont bien présents, on peut croire à cette histoire amoureuse, ou pas. excellent casting, marina hands, dans sa maladresse et sa spontanéité, le garde chasse surtout, ni trop "animal", ni "beau mec". et girardot, qu'on n'avait pas revu dans un role aussi consistant depuis longtemps. il faut donc s'accrocher, soyez prévenus, mais ce "lady chaterley" fait partie de ces films rares, courageux, différents, à contre courant des formats (ados, télés, etc).




Ne le dis à personne * *
de guillaume canet, avec francois cluzet, andre dussolier, marie josé croze, francois berleand, jean rochefort

alex, pédiatre, 8 ans après l'assassinat de sa femme, recoit des emails témoignant de sa présence. on le re soupconne à nouveau du meurtre de sa femme.

on a suffisamment l'occasion de se plaindre du manque d'ambition des films francais, de leur formatage, notamment dans le registre du polar, pour saluer, plus que bas, ce gros gros travail de Canet. il y a mis du sien, beaucoup, trop sans doute. presque l'égal des grands polars francais de ces 15 dernières années pendant une bonne partie du film, type "le cousin" et "L627". réalisation "à l'américaine", au bon sens du terme, nerveuse, belle image d'été sur Paris (mais sans les affreux effets de "36 quai des orfèvres"), un excellent rythme, il se passe beaucoup de choses, nombreux 2nds roles. mais à vouloir assurer l'excellence à tous niveaux, y compris la musique, M à la baguette + quelques morceaux bien choisis, Canet est toujours à la limite d'en faire trop, et d'ailleurs il en fait trop, ne sait pas s'arrêter parfois, comme si il voulait tout prouver, "frapper un grand coup", surprendre à tout prix. comme cette scène de bravoure sur le périph, impressionnante, mais qui a surtout le mérité d'avoir été faite.Ou cette longue explication finale pour dévoiler l'histoire. le scénario est plutot très bien foutu, mais sa révélation est plus que maladroite, lourdingue. des tas de maladresses de mise en scène qui pénalisent ce presque grand film. dans le même registe, un "sur casting", il y a de la star partout, c'est contre productif, là encore il essaye d'en mettre plein les yeux. Jalil Lespert dans une scène de 2 mn, à quoi ça sert à part... frimer un peu. cluzet est excellent, comme chaque fois qu'il est bien dirigé et n'est pas en freestyle. marie josé croze... rien à ajouter, on a depuis longtemps dit tout le bien d'elle, à tous les points de vue. un beau polar, polar urbain,sur Paris et banlieue des années 2000, mais il manque ce talent de se mettre au service de l'histoire, comme Beauvois l'an dernier a su le faire ("le petit lieutenant").


Aucun commentaire: