29 juillet, 2008

Chroniques ciné estivales

C'est donc l'été et notre collaborateur et ami El Bacos rattrappe allégrement le temps perdu en allant se rafraîchir dans les salles obscures - voici ses derniers avis...


Wanted o
de timur bekmanbetov avec james mc avoy, angelina jolie, morgan freeman, terence stamp

Wesley, employé de bureau, terne et déprimé, se retrouve embrigadé par "the Fraternity", réseau de tueurs, qui veulent venger son père assassiné, père tueur, qu'il n'a pas connu

"nikita", "natural born killers", "fight club", "matrix".... ceux qui suivent de longue date ces modestes chroniques, ont repéré parmi les films les plus détestés de ces 20 dernières années... comme une filiation entre eux, et "wanted", qui s"inscrit parfaitement à la suite. Films d'action violents, voire ultra violents, plus ou moins polémique (à deux balles), "culte" pour beaucoup. Différents, clairement, ouvrant souvent la voie à des copies parfois pire encore (cf "matrix"). réalisateurs virtuoses, ambitieux. Alors "Wanted", du kazakh bekmanbetov, a tout pour être ce "film référence" (mais bizarrement sabordé un peu par la sortie mi juillet.. tactique ?). On y croit avouons le, début too much comme il faut, vrai feu d'artifice visuel, du n'importe quoi mais bien amené, pas mal d'humour... et puis le sale parfum des films cités, l'intrigue qui n'avance pas, c'est une suite d'épreuves, de rites d"initiation de Wesley, avec une violence finalement gratuite, un peu facile, sans bornes, pas de plaisirs, c'est bien connu... et surtout une prétention grandissante, il suffit d"écouter la musique, elle devient insupportable de "sens", des grandes phrases creuses, un héros qui se prend au sérieux et joue de plus en plus mal. certes, une bonne scène de wagons dans le vide, qui réveille un peu. Fin de baston interminable, Freeman et Stamp sentencieux avec des répliques "définitives". Un film d'action de ce genre peut fonctionner s'il évite de se la pêter et va au delà de sa simple mise en scène, par exemple avec l'humour d'un "pulp fiction". Mais là on nous fait croire à un film "malin derrière sa brutalité", alors que c'est juste un film pour bourrins, pour "Julius" comme on se disait il y a 15 ans avec les visionneurs de TF1 Films... Applaudissements et rires sur la fin, comme prévu, public jeune étudiants qui croie avoir vu le cinéma de demain. mais peu importe l'age, qu'on ait 20 ans ou 40 , "nikita" reste une merde à la hauteur de son réalisateur. Espérons que le kazakh exerce son talent autrement, que par juste l'idée de balles aux trajectoires incurvées, comme le slow motion est finalement ce qui restera de "matrix". Angelina Jolie risible tellement elle ne sert à rien à part... être Angelina Jolie, c'était sans doute le but.


Le Premier Jour du Reste de ta Vie ***
de rémy bezancon avec jacques gamblin, zabou breitman, deborah francois, pio marmai

un couple, 3 enfants, 5 dates entre 1988 et 2000 qui vont marquer la vie de chacun et de la famille

Bonne surprise, bonne pioche, ce qui est plutot rare dans le ciné francais. Film dont le principal atout est d'aller au delà de la comédie douce amère consensuelle sur la vie de famille avec pas mal de références trentenaires / quarantenaires d'aujourd''hui, bref ce parfum de souvenirs qui a un peu trop essaimé depuis "amélie..." surtout. Il y a de cela, mais avec un bon scénario, et même si tout cela reste plutot prévisible, pas le sentiment non plus de facilité, voire prendre des chemins de traverse, comme le séance de "air guitar" du fils et la guitariste perdue, ou le "truc dans la bouche" de la fille, vraiment drole. Une tendance à trainer sur la fin sans doute parce que le film démarre vraiment très bien. Et surtout pas de sensiblerie, entre rires et larmes, comme on dit mais sans tirer l'émotion, ce qui aurait été facile sur le thème de la famille. Le seul vrai défaut, qui aurait pu plomber l'ensemble si il n"était pas aussi bien construit par ailleurs, cette accumulation d"évènements dramatiques, trop attendus, pas réaliste et lourdingues. pas besoin de cela pour faire avancer une histoire. Tant pis, ca réussit à ne pas gacher le reste. musique de Sinclair excellente, ainsi que certains morceaux, celui de Daho du titre bien sûr et l'idéé de prendre du Divine Comedy, il faut oser, c'est un bon indice. Gamblin toujours bien. Zabou...on a oui dire "par le milieu" que c'était une petite capricieuse qui se la pête tendance méchante et aigrie. Mais dans le film, ça va... Film qui pourrait bien se débrouiller mais qui part un peu à l'abbatoir en sortant en plein juillet.


Le Bruit des Gens autour ***
de diasteme avec lea drucker, bruno todeschini, emma de caunes, judith el zein, olivier py, olivier marchal

pendant le festival d"avignon, artistes, assistants, spectateurs, se mèlent, jouent, s'engueulent, se rapprochent

Bonne série de films francais en plein juillet... et échec (une salle en 3 semaines sur Paris) vraiment injuste. Film dit "choral" par excellence, il y a là dedans de la générosité, de la sincérité, une absence de personnages et situations convenues, pas de complaisances pour rechercher l'adhésion maximum, qui font vraiment du bien dans le cinéma francais. Et quitte à viser toujours les mêmes cibles, c'est un peu l'anti "coeur des hommes"... certes, on est dans le milieu artistique, comédiens, danseurs, musiciens, auteurs, mais loin par exemple d"un Chéreau, certes brillant, mais qui nous aurait fait pousser bien plus de cris et de roulements par terre d'artistes torturés de douleur... avec ce thème de la difficulté à concilier performance artistique et vie privée, très bien rendu, le fait qu'ils réussissent à le faire puisque le spectateur ne voit pas "la différence", comme dans le vraie vie du spectacle vivant ! Pas de pathos excessif, donc, un scénario qui avance bien, christophe honoré co scénarise, et comme on lui fait désormais confiance depuis "les chansons d'amour"... Un film fait pour exprimer, plus ou moins bien, ses sentiments, dans la tension et la chaleur de quelques jours de festival. Excellent casting, des mélanges surprenants, Olivier Marchal enfin sympa et souriant, bel avenir de 2nd role, Todeschini, le lien avec Chéreau !, qui fait un peu la gueule, comme d'hab, mais se détend, étonnante lea drucker, toujours aussi bon Olivier Py, révélation de Judith et Zein, la pianiste, et un petit plus pour Emma de Caunes, l'ex tête à claques donne bien de sa personne, joli bronzage (.... ça se décode = belle prestation physique = scènes dénudées) et est vraiment convainquante dans son jeu. belle scène de groupe et de fête finale, se terminant par le superbe tango polono-russe "To ostatnia niedziela". Un film qui vieillira bien, comme du Sautet, si on lui laisse une deuxième chance.


Kung Fu Panda **
film d'animation de mark osborne et john stenvenson

chine, Po, le gros Panda, rêve de kung fu, et se retrouve, un peu par hasard, à être initié pour être le Dragon Warrior auprès de 5 maitres et de Shifu, leur formateur

depuis une quinzaine d'années que ce genre a pris le pouvoir, la lutte de haut niveau Dreamworks (ici en piste) / Pixar a donné du bon, du très bon, et du décevant de temps à autre. Un an après le très très bon "ratatouille" qui sera peut être "les aristochats" du genre, ce Panda fan de kung fu, fait retomber un peu la sauce, mais reste à un bon niveau. on devrait, mais comme on s"habitue on ne le fait pas, mais animation, images, expression, mouvements de caméra, sont encore époustouflants et bluffants. Et depuis que la forme ne nous étonne plus, c'est de plus en plus le fond qui fait la différence. Alors si on n'est pas trop sensible aux références kung fu, aux innombrables combats (pour les memes raisons qui font qu'on n'accroche pas à "kill bill"...), on peut trouve le temps long. récit classique de parcours initiatique, mais heureusement l"humour reste omniprésent, Po restant ce qu"il est, un gros panda, sympa et peureux, qui veut bouffer et s'amuser.

21 juillet, 2008

Lewis & Greg dans le vent de l'histoire



Imaginez un peu : Pete Sampras, voire Jimmy Connors, sortent de leur retraite et gagnent Wimbledon ! Ou alors c'est Alan Jones qui revient faire une pige pour Williams et qui gagne le GP de Grande-Bretagne... Impensable, non ? Eh bien, c'est pourtant ce qui a failli se passer ce week-end avec l'incroyable Greg Norman, véritable légende du golf, et qui a failli remporter le British Open ! On sait que je suis de très près l'actualité de ce sport si difficile et si exigeant (je suis toujours à 20.9 de handicap...) et on a presque assisté à l'exploit de l'année sur le parcours du Royal Birkdale, au nord de Liverpool, au milieu de vents terribles qui ont fait qu'aucun joueur au final ne termine sous le par global (et il s'agissait pourtant d'un par 70, voilà qui rassure un peu !). Bref, à 53 ans, Greg Norman, tout droit sorti de son passé prestigieux, et dont on ignorait même jusqu'à la participation dans l'épreuve, s'est retrouvé en tête pendant trois jours et demi, avant de céder face à Padraig Harrington, qui finalement se succède à lui-même... On est un peu déçu, forcément, de cette issue, tant on aurait aimé que l'histoire soit belle jusqu'au bout. Bravo à Harrington, en tout cas, auteur d'un magnifique deuxième coup au trou n°17 le dernier jour (220m en bois de parcours, la balle qui roule pour s'arrêter à 50cm du trou, eagle dans la foulée !), mais que tous les honneurs soient rendus à Norman, le requin blanc australien, le mari de Chris Evert, qui nous a époustouflé par sa classe, son charisme, son allure générale (et bien sûr son jeu) - un authentique champion qui ne peut que provoquer notre admiration sans bornes.

Dans le même temps, Lewis Hamilton refaisait une véritable démonstration à Hockenheim, lors du GP d'Allemagne. Et tandis que Tiger Woods, blessé, laissait le monde du golf orphelin à Birkdale, c'est justement son homologue de la F1 qui mettait une nouvelle fois tout le monde d'accord. Une course rendue intéressante par l'accident de Timo Glock dans la deuxième moitié et la neutralisation qui s'ensuivait. McLaren se prenait les pieds dans le tapis en ne faisant pas rentrer Hamilton (alors que toutes les courses automobiles du monde enseignent qu'il faut toujours profiter d'une neutralisation pour rentrer au stand), ce qui permettait à Piquet de se retrouver en tête ! On a du coup failli assister au hold up du siècle ! Bravo quand même au jeune brésilien, qui accède à son premier podium, 26 ans après que son père se soit battu sur ce même circuit avec le chilien Eliseo Salazar qui venait de le mettre dehors... Une image qui a fait le tour du monde ! Derrière, course anonyme pour Raikkonen et Kubica, un grand bravo à Vettel qui est de plus en plus un phénomène, et une mention spéciale à Sébastien Bourdais, qui signe le 10e meilleur tour en course, et qui ne termine qu'à 2" de la 9e place, après une course très solide et convaincante.

Les étoiles d'Hockenheim :
**** : Hamilton
*** : Piquet
** : Vettel, Heidfeld
* : Bourdais

Le classement après 10 GP :
Hamilton : 19
Massa : 11
Kubica : 9
Heidfeld : 8
Raikkonen, Trulli : 7
Kovolainen, Webber, Nakajima, Vettel : 6
Barrichello : 5
Alonso, Piquet, Bourdais : 4
Rosberg, Sutil, Glock : 3
Coulthard : 2
Fisichella : 1

17 juillet, 2008

A propos de dBD #25


L'excellente revue dBD publie cet été un numéro double et épais (et cher aussi : 10 euros...) consacré notamment à ce qui serait la "nouvelle vague" en BD. Terme déjà usité dans un livre publié il y a quelques années par Hugues Dayez et qui visait à célébrer l'irruption au sommet d'un certain nombre d'auteurs issus notamment de l'édition indépendante... Ici, l'éventail de dBD se veut plus large, avec tous les styles et sans que la réussite commerciale ne soit un frein.

Cette liste comprend 23 noms et elle est censée avoir été bâtie sur des auteurs qui "sont présents sur la scène professionnelle depuis une bonne dizaine d'années et qui ont passé un cap ces trois dernières années"... Cela n'est pas plus bête qu'un autre critère et voici donc les heureux élus (par ordre alphabétique) : Alfred, Appollo, Bajram, Bec, Blain, Bonhomme, Chabouté, De Metter, Di Vita, Dumontheuil, Fourquemin, Guérineau, Hubert, Marazano, Micol, Nury, Pedrosa, Peeters, Perrissin, Sattouf, Tanquerelle, Thirault, Vallée.

Si je devais faire quelques petits commentaires, je dirais d'abord que je suis d'accord à 95% sur cette sélection, qui me semble assez juste et équilibrée, et reflétant des situations de notoriété grandissante, en effet. Il y a juste quatre noms qui me font réagir : Dumontheuil, Blain et Bajram dans un premier temps. Quand on a été, comme les deux premiers, déjà couronnés du prix le plus prestigieux à Angoulême il y a plus de cinq ans au moins, on est déjà au sommet ! En conséquence, on ne peut pas passer "un cap ces trois dernières années" car on est déjà en haut de l'affiche depuis plus longtemps ! Blain et Dumontheuil, pour moi, c'est aussi fort que Trondheim et Sfar, pour garder deux références d'une même génération. Vu la relative orientation "découverte" de ces 23 auteurs, leur présence (et celle de Bajram) est même, à mon avis, plutôt vexante...

Au moins y a-t-il débat !

Il n'y a guère qu'un nom où je trouve qu'on a été un peu trop gentil : Giulio De Vita. Ce n'est pas moi qui vais remettre en question son grand talent, mais je trouve sa présence un peu prématurée. J'aurais évidemment souhaité voir apparaître Philippe Aymond dans cette liste, qui présente à mon avis tous les critères requis : un talent évident, digne d'un Guérineau, un positionnement prometteur avec une série qui malgré tout n'a pas été un bide critique et commercial (ApocalypseMania, ben oui), et un cap certain passé depuis trois ans avec la série Lady S, réalisée de manière impeccable. Appel donc à tous les votants ou les confrères de dBD pour la prochaine liste !

Bien sûr, je ne suis pas dans cette liste et, rassurez-vous, je ne vais pas faire une dépression nerveuse à cause de cela. J'imagine que cela m'aurait fait plaisir d'y figurer, mais je suis le premier à reconnaître que je n'ai pas passé de cap ces trois dernières années - au contraire, j'ai traversé une période creuse, avec par exemple aucun album publié en 2007. Il m'aurait sans doute fallu une oeuvre de "rebond" bien avant L'ultime Chimère pour pouvoir espérer peut-être intégrer ce groupe des 23, et encore... L'ultime Chimère, d'ailleurs, qui est encore loin de s'être imposée et il me tarde que les albums suivants sortent (le T2 en octobre, le T3 en mars).

Je me suis quand même amusé à un petit jeu : répondre aux questions posées à tous ces auteurs ! Pas par vantardise, plutôt par souci de livrer quelques clefs sur mon parcours... Si cela vous intéresse, c'est ici.

15 juillet, 2008

Dernières lectures BD


Genetiks T1 - Marazano & Ponzio, Futuropolis * *
On n'arrête plus Richard Marazano, clairement en voie de "Morvanisation", mais qui continue de proposer des séries qui ont de la gueule. Ici, on est chez Futuropolis, mais cela aurait pu à mon avis se retrouver chez Delcourt ou Dargaud. On est en effet assez proche du Complexe du Chimpanzé au niveau décors et ambiance générale. Curieusement, j'ai largement préféré Le Complexe... à Genetiks, principalement à cause d'une question de rythme. Je suis pourtant féru de pagination large pour que les personnages puissent vivre et évoluer. Mais là, sur cent pages (pourtant, quel luxe !), on a un peu l'impression que le fameux Thomas Hale tourne en rond sur lui-même et que ça n'avance pas beaucoup... Finalement, avec Le Complexe..., on allait un peu plus vite et un peu mieux à l'essentiel, même s'il nous reste un dernier tome à découvrir qui, on l'espère tous, ne nous décevra pas. Bref, un petit manque de rythme dans un album qui conserve toutefois un contexte scientifique passionnant et une grande ambition qui en font un vrai produit haut de gamme.


Le Marquis d'Anaon T5, La Chambre de Kheops - Vehlmann & Bonhomme, Dargaud * * *
En quatre albums, cette série est devenue une référence : par la subtilité du scénario et par la puissance de son trait. Un aspect classique, mais une profondeur dans les méandres humains assez peu égalée dans la BD actuelle. A ce titre, on le sait, j'avais élu le T4, La Bête, comme mon "Meilleur album 2007", un choix que je ne regrette pas bien au contraire. Cet album était en effet un modèle de rythme et de dramatisation, le plus souvent intérieure. On était donc impatient de retrouver notre bon marquis, sondant toujours les âmes en peine. Pour dire vite, admettons qu'il était dur de rester au niveau de La Bête... Cela reste un excellent album, mais il nous faut maintenant le juger à l'aune de ce que l'on a déjà lu dans la série. Et là, il y a deux ou trois petites choses qui nous chagrinent un peu quand même : le fait que le marquis hérite d'un mystérieux personnage (pourquoi ?), qu'il subisse les événements et nous énerve parfois (une descente bien naïve dans les bas-fonds du Caire) et qu'il trouve un peu le "secret" de la pyramide bien facilement... En fait, je trouve l'idée trouvée très intéressante et même fascinante, mais cela aurait mérité à mon avis beaucoup plus de développements afin d'accentuer le mystère... Voilà, je chipote peut-être et nul doute que si Fabien Vehlmann passait par ce blog il nous convaincrait sans problème de ses choix scénaristiques, mais on vibre moins à cette histoire que les précédentes (à partir du T2). Quant au trait de Matthieu Bonhomme, il reste magistral mais je trouve qu'il a moins d'espace pour s'exprimer pleinement.


Garrigue T1 - Corbeyran & Berlion, Dargaud * * *
J'aime beaucoup Eric Corbeyran, dont j'apprécie la diversité et la qualité malgré une énorme production qu'on a parfois du mal suivre... Ca m'amuse toujours de penser qu'on a dû publier nos premiers albums à peu près en même temps et que si j'en suis aujourd'hui à 20 albums parus, il doit en être à plus de 150 ! Avec Olivier Berlion, il avait déjà commis un excellent Lie-de-Vin, un album sensible et fort multi-récompensé à juste titre. Ensuite, on les avait retrouvés avec un Rosangella que curieusement, je ne suis jamais arrivé à finir, mais dont je ne doute pas qu'il ait plu à beaucoup de lecteurs. Ici, on retrouve une ambiance lente et moite, mais j'ai plus accroché à ces hommes dans leur cinquantaine et confrontés à des doutes ou des remords, ou des tentations violentes... L'atmosphère est là et c'est déjà beaucoup.


Le Goût du Chlore - Vivès, Kstr * * * *
C'est vraiment l'achat coup de coeur pour cet album dont l'auteur m'était parfaitement inconnu. Je me suis laissé tenter par un cadre général très original (les piscines, moi qui déteste ça et qui sais à peine nager !) et des dessins qui me semblaient plus audacieux qu'il n'y paraissait. Eh bien, je ne me suis pas trompé : même si je trouve que le récit a un petit coup de mou dans son approche de la conclusion, cela reste très humain et très attachant, et on se prend à presque humer en effet le goût du chlore... J'aurais peut-être souhaité un épisode un peu plus cruel ou dur à un moment (sans trop savoir lequel) mais on ne rechignera pas à un album qui sort du lot (de l'eau ?)et qui nous offre des dessins de corps dans les ondes ou les sillages aquatiques absolument splendides (voir la couverture et la position du garçon - génial, non ?) et aussi parfaitement colorisés, à coup de grandes plaques vertes et turquoises obsédantes. Une réussite et un jeune auteur, Bastien Vivès, à suivre.

09 juillet, 2008

Une planche couleur de L'ultime Chimère T2

Je reçois à l'instant la version quasi définitive (côté couleurs, car côté textes il faut encore que je fasse quelques modifications) de ce beau T2 qui arrivera dans les bacs en octobre prochain... Les trois dessinateurs sont donc Griffo, Aymond et Goepfert. Voici une planche de l'ami Goepfert qui met en image une drôle d'histoire arrivée sur une mystérieuse île en 1875...

07 juillet, 2008

Lewis & Rafael dans la légende...




Oui, je sais, c’est peut-être un peu surprenant, mais j’ai envie de faire une comparaison entre Lewis Hamilton et Rafael Nadal. Pas seulement parce qu’ils ont gagné chacun hier une épreuve mythique sur le même sol (l’Angleterre) et pratiquement sous les mêmes conditions (pluie + nuit) mais aussi parce que leurs succès ressemblent à des prises de pouvoir qui pourraient bien s’avérer définitives…

J’avoue que si je suis un grand admirateur de Federer, dont la classe et le style n’ont pour moi aucun équivalent dans l’histoire du tennis, je suis aussi ébahi devant tout ce que démontre Nadal : loin d’être un Muster bis, il est bien ce mélange de Becker et d’Agassi, véritable félin et funambule des courts, capable de taper plus fort que tout le monde et de donner des petits coups de patte plus subtils encore que ceux de Fabrice Santoro. Je hurle à chaque fois que quelqu’un me dit que c’est un bûcheron : il ne faut pas confondre en effet force de frappe avec frappe aveugle et encore moins vitesse de balle avec poids de la balle. Nadal fait juste plus de points gagnants que les autres, et il le fait d’une manière qui reflète une variété de jeu fabuleuse. Bien sûr, ce n’est pas la même apparence ni la même fluidité que celles de Federer, mais j’ose dire qu’il s’agit d’un même esprit - celui d’un tennis où tous les coups sont utilisés, et quasiment à la perfection. Et puis, n’oublions pas une mentalité qui ne peut que forcer l’admiration : quelle motivation ! Quel sens de la combativité ! Quelle volonté ! Et quel respect aussi de son adversaire, quel fair-play, quelle modestie, finalement, dans le triomphe… Oui, Nadal est un géant.

Hamilton, de son côté, a atomisé la concurrence à Silverstone. Là aussi, de quelle manière ! Comme si les éléments n’avaient pas prise sur lui, comme s’il les dominait, tel un demi-dieu commandant les eaux célestes sur son char argenté… Une leçon de maîtrise et de bravoure sensationnelle, comme il y en a eu peu dans l’histoire de la F1 moderne, témoin d’un pilote sachant transcender son matériel et les événements en eux-mêmes. Mettre plus d’une minute au premier de ses adversaires à Silverstone, c’est comme quand Stewart a mis quatre minutes à tout le monde au Nürburgring en 1968 : une performance surnaturelle. Nous avons eu de la chance d’en être les témoins !

Nous ne disons pas que Nadal va désormais gagner tous les tournois auxquels il participe, ni Hamilton tous les GP. Disons qu’ils ont juste connu un jour qui ressemble à un état de grâce et que ce jour annonce sans doute des années de domination absolue. Il faut s’y préparer, nos deux amis sont désormais dans une autre dimension, là où les attendait un certain Tiger Woods, n°1 du sport en général.

Les étoiles de Silverstone :
***** : Hamilton
*** : Barrichello
** : Heidfeld
* : Alonso, Trulli, Nakajima, Webber

Le classement après 9 GP :
Hamilton : 15
Massa : 11
Kubica : 9
Raikkonen, Trulli : 7
Kovolainen, Heidfeld, Webber, Nakajima : 6
Barrichello : 5
Vettel, Alonso : 4
Bourdais, Rosberg, Sutil, Glock : 3
Coulthard : 2
Fisichella, Piquet : 1

04 juillet, 2008

Valse avec Bachir * * *



film d'animation de ari folman

Ari essaye de se souvenir de 1982 au Liban, où, soldat dans l'armée israelienne, il était en guerre, jusqu'à son attitude pendant les massacres des camps de Sabra et Chatila. Des hallucinations, des rêves, les récits de ceux qui étaient là aussi, à l'époque

Par sa forme, film d'animation, son environnement - Proche Orient -, ses références -tensions des années 80, musique pop / rock -, son ambition, sa sélection à Cannes, ce film fera bien sur penser à "Persepolis" de l'an dernier. A juste titre, même si pas mal de choses ne sont pas comparables. Pour ceux qui ont (beaucoup) aimé le film de Satrapi, celui de Folman sera peut être beaucoup plus ardu, plus lent, plus de reflexions, moins de mouvements, pas trop d'humour - ce n'est pas le but. Film impressionnant surtout par sa volonté de mettre la barre haute et de s'y tenir. Pas même un récit de cette guerre de 1982 mais les pensées, en images, d'un homme qui ne comprend plus son passé, 25 ans après, avec pas mal de références psy sur sa vie, sa culture. Un film certainement admirable mais qui peut, légitimiment, laisser pas mal de monde sur le chemin. L'animation est "distrayante", formellement unique, avec ces mouvements délibérément "statiques", sans rechercher le naturel. Des références historiques qu'il faut un peu maitriser, Sharon, les phalanges chrétiennes, Bechir Gemayel... il y a des moments, surtout dans une première partie, où Ari est dans le souvenir onirique, qui sont vraiment beaux, qui feraient presque penser à une ambiance mi inquiétante, mi fascinante comme celle du "voyage de Chihiro", même si la comparaison semble osé. Des belles scènes comme celle, en hiver, aux Pays Bas. Certains rêves, proches du fantasme, renvoient eux plutot à "the wall" de parker / waters. La dernière partie, concentrée sur Sabra / Chatila, bien plus réaliste, met bien sûr mal à l'aise, le propos, dégoût de ce qui s'est passé, est plus appuyé, et c'est nécessaire. Film riche, pas vraiment séduisant au premier abord, mais qui se révelera encore plus avec le temps.