26 avril, 2007

Par avion (3)

Coucher de soleil, au-dessus de la Russie, 2006

Notes de lectures BD




Tehos (Arq T10, Andreas, Delcourt) - Ah, difficile de chroniquer l'album d'un auteur aussi vénéré ici... Non pas que ce dernier opus de la série Arq soit raté (ce qui était, à mon humble avis, le cas du dernier Capricorne), mais il laisse indubitablement perplexe. Quand je pense qu'on m'a souvent accusé d'avoir fait d'ApocalypseMania une série compliquée - qu'est-ce qu'il faut dire alors dans le cas d'Arq ! Mais là n'est pas le débat, car de toute façon je pardonne tout à cet auteur majeur. Ne comptez pas sur moi pour vous résumer les tenants et aboutissantes de ce T10, il y a bien longtemps que j'ai renoncé à tout comprendre (ou plutôt : à essayer de comprendre) et je préfère me laisser transporter de manière presque onirique dans les pages. Il reste alors la fameuse magie "andreassienne" (oh le vilain mot), où le découpage, les cadrages, la mise en scène sortent absolument de l'ordinaire. Je suis même toujours étonné de la façon qu'il a de me bluffer encore à ce niveau-là ! Je persiste en revanche à penser que ses dialogues pourraient être meilleurs (je me suis toujours demandé si sa nationalité d'origine n'expliquait pas cela) et j'espère que le scénario final d'Arq ne va pas nous emmener à découvrir toujours plus d'univers virtuels, ce qui est un poil lassant à la longue. Bref, un album qui n'est pas au niveau du précédent, mais qui intrigue continuellement et qui est prometteur pour la suite.
Note : * * *

Antarès T1 (Léo, Dargaud) - Le nouveau Leo, un événement ! Rappelons que je considère Aldébaran et Bételgeuse comme deux séries absolument essentielles à la BD mondiale de ces dix dernières années, toutes langues confondues ! Si, si... C'est dire que j'attendais impatiemment ce troisième volet - il ne m'a pourtant pas totalement convaincu. Ca reste bien sûr du haut de gamme, mais finalement il n'y a pas de grande nouveauté : on a une planète inconnue, à explorer pour en découvrir toutes les richesses/horreurs et on a des hommes et des femmes qui s'opposent sur le statut dudit territoire. Et cette thématique, sur 56 pages, est peut-être un peu longue. Sans doute conscient de cela, Leo a déplacé une partie de l'action sur Terre, où l'on voit un Paris sinistré étouffer de froid. L'idée est intéressante, même si, et c'était à prévoir, on préfère retourner le plus vite possible sur Antarès pour le dépaysement ! Enfin, il y a certains dessins qui m'ont franchement déçus, comme des attitudes de visages où les personnages ont la bouche grande ouverte... Ca m'a même franchement intrigué qu'il n'ait pas refait les cases en question.
Note : * * *

Le Complexe du Chimpanzé T1 (Marazano-Ponzio, Dargaud) - Une nouvelle série dans l'esprit de Warren Ellis, à base de conquête spatiale et de mystère cosmique... à moins que tout cela ne soit une illusion. Une bonne idée de base, c'est clair, une bonne intrigue impeccablement menée, même si je continue de trouver que la fille de l'héroïne (pas totalement crédible car trop jeune et jolie) ne parle pas comme une enfant. Richard Marazano m'a fait une réponse à ce sujet à l'adresse suivante, si ça vous intéresse : http://www.bdparadisio.com/scripts/ForItems.cfm?IdSubject=070413113028
Note : * * *

Adieu Calder (Le Maître de Benson Gate T1, Nury-Garetta, Dargaud) - On ne rappellera pas ici la toujours grande richesse des scénarios de Fabien Nury, qui nous sort un intéressant conflit de famille entre deux frères assez dissemblables... Ca se lit très bien et le dessin est impeccable, du vrai bon boulot. Dommage que le lettrage me semble "amoindrir" la portée des cases.
Note : * * *

18 avril, 2007

Sunshine * * * *


de danny boyle avec chris evans, cilian murphy, rose byrne

2057, une expédition de 8 personnes en route vers le soleil qui se meurt pour
déclencher une explosion qui le réactivera et ramènera l'espoir sur Terre

Il est de ces films que la critique n'épargnera pas parce que trop calibré en
apparence, avec son lot d'incohérences. Mais des films qui transportent totalement,
alliant gros moyens sur les effets spéciaux, aucune complaisance dans le scénario,
réalisme des situations et comportements même dans un contexte de science fiction
totale tout en assumant le statut de film commercial (bref pas "solaris"). des films
qui procurent des sensations rarrissimes au ciné, une sorte de jubilation de l'image
sans honte, parce qu'il y a de l'intelligence, de l'imagination derrière. "contact"
de zemeckis a été un de ces films. il y en a eu d'autres, pas tant que ça. car le
genre a pu être plombé par des films à message (insupportables) et un ton
complaisant, les pires dans le genre depuis 10 ans étant "armageddon" et
"intelligence artificielle". il y a de ces moments magiques dans "gattaca" ou la
première partie de "the island". ici, boyle couronne sa carrière, celle du cinéaste
déjantée de "trainspotting", celle de l'amateur de fantastisque sans concession
dans la délibérement fauché "28 jours plus tard" . les gros moyens de la Fox
n'achétent pas son talent, ce "sunshine" est sombre, pessimiste, gore, dur,
compliqué parfois (et ça sent l"échec vu la fréquentation en 1ere semaine), rappelle
les classique du genre, "alien", "2001". avec des scènes d'espace extraordinaires,
une réalisation de très haut niveau, mettant en images de fantasmes de BD, de
bouquins, comme cette réparation de panneaux solaires alors que le soleil se lève et
se prépare à griller les cosmonautes... et tant d'autres scènes encore, la serre
géante, la découverte du vaisseau abandonné, plein de cendres humaines. alors oui on
devine l'histoire, oui, seul vrai défaut, cet "occupant supplémentaire" sur la fin
n'amène pas grand chose, ne correspond pas au reste du film, oui la fin frise le
mysticisme pas nécessaire et est un peu expédiée. mais boyle a eu le temps de nous
en mettre plein les yeux, pas mal de scènes où on s'accroche au fauteuil - est ce
que cela arrive souvent au ciné ? - c'est envoutant, hypnotisant. et un casting
malin sans stars, même si cilian murphy ("le vent se lève", "breakfast on pluto")
commence à gentiment cartonner. excellente bande son d'Underworld & co. un film
qu'on aimera aimer contre le plus grand nombre, tant pis pour le cliché, c'est un
chef d"oeuvre de la science fiction.

El Bacos.

17 avril, 2007

Détours (3)

Souk, Marrakech, 2005

F1 : GP de Malaisie & Bahrein (2 & 3/17)

Désolé pour le retard, mais voici enfin mes étoiles pour les deux derniers GP :

GP de Malaisie :

* * * : Alonso
* * : Hamilton
* : Fisichella, Trulli, Kovolainen, Rosberg

GP de Bahrein :

* * * : Massa
* * : Hamilton, Heidfeld
* : Kubica, Trulli


Classement après 3 GP :

Hamilton : 7
Alonso, Massa, Heidfeld : 4
Raikkonen : 3
Rosberg, Trulli : 2
Sato, Fisichella, Kovolainen, Kubica : 1

06 avril, 2007

Analogie !



Tiens, en passant comme ça... Vous ne trouvez pas que la couverture de la nouvelle série des mes amis Nury et Garretta (Benson Gate T1, Dargaud) a un petit point commun avec la 4e de couverture d'ApocalypseMania ?



02 avril, 2007

Le Voile des Illusions * * *


de john curran avec edward norton, naomi watts

chine, années 20, walter médecin, jeune marié à kitty. trompé par sa femme, il l'oblige à l'accompagner vivre près d'un village frappé par une épidémie de cholera

un beau mélo exotique qui respecte les codes du genre, sans chercher à faire moderne, tout en évitant une complaisance avec un cinéma nostalgique. rien en trop, le rythme est bien maitrisé, ni trop rapide, ni trop long, on s'approche des réussites de regis wargnier - "une femme francaise", "est ouest", "indochine". pas évident d'à la fois rendre l'ambiance britannique coloniale du début du siècle - roman de somerset maugham - et de vraiment émouvoir avec cette histoire d'amour "à l'envers", la femme n'étant attiré par son mari qui bien après leur mariage. un vrai plaisir de cinéma de dépaysement, géographique et historique, avec belle musique loin de clichés de desplat. la représentation du cholera est plutot flippante, réaliste on va dire. le film sait prendre des pauses, comme cette soirée whisky / opium avec l'anglais et sa protégée chinoise, ou cette traversée du fleuve par le couple réconcilié. pas un hasard que norton et watts, soit le haut de gamme du genre - on imagine des sandra bullock et autres colin farrell dans ces rôles, on courait au massacre - se soit engagé sur ce film, ils portent ce film, tout en retenue et en vraie romanesque, une relation entre eux touchante . évidemment diana "emma peel" rigg en bonne soeur, ça fait un drole de coup de vieux, comme la sanda dans le meme role dans "les rivières pourpres". le temps... belle scène pre finale sur fond de "claire fontaine", c'est à ces détails de scénario qu'on reconnait un bon film.


El Bacos.

Détours (2)

Allée, Pièce d'eau des Suisses, Versailles, 2005.

Les Témoins * * *

de andré téchiné avec michel blanc, emmanuelle beart, sami bouajila, johan libereau

été 1984, adrien, médecin, tombe amoureux du jeune manu. relation platonique. manu est attiré par mehdi, mari flic de sarah,une amie d'adrien.

il faut sans doute consommer voire sur consommer du cinéma au quotidien pour mesurer le talent d'un téchiné. il n'a jamais été un cinéaste spectaculaire, beaucoup de grands films mais pas l'impression d'une grande oeuvre en particulier, mais il assure chaque fois une qualité de réalisation et de narration de plus en plus rare dans le cinéma français, depuis plus de 30 ans. sans donner l'impression d'avoir des "tics", d'être dans la redite. il suffit de quelques minutes, les mouvements de camera, le montage, la lumière - superbe, celle d'un été 84 à Paris pendant lequel on se croit replongé - la densité des personnages, l'interprétation. il a un talent pour raconter des histoires, sans que l'on voit les coutures, sans que l'on traine en chemin. et malgré le poids du sujet - le sida qui commence à frapper et les "témoins" désarmés - le film n'est absolument pas "à thème". et si c'est à la mémoire à son ami michel bena, dont on se souvient bien du "ciel de paris" avec bonnaire, il y a 15 ans, c'est un bel hommage. le temps de "marcia baila", la chanson de ces années 84/85, on se retrouve dans l'époque. la partie estivale, celle de l'insouciance, des corps amoureux, est plus convainquante que la "guerre" de l'hiver, plus dure, forcément. comme toujours chez téchiné, gros casting, même son "petit jeune" de service, libereau, est au niveau. mention spéciale à bouajila qui change de son registre classique, dans une "virilité" à la rosdy zem. et à béart qui aura quand même été révélée d'abord par sautet puis par téchiné, qui sait, lui - tant mieux... - la faire jouer de sa sensualité, comme dans "les égarés", comme ici. elle est "physique", et elle est vraiment marquante.


El Bacos.

J'attends quelqu'un * *



de jérome bonnell avec jean pierre darroussin, emmanuelle devos, eric caravaca, florence loiret

petite ville de banlieue, un jeune garcon revient, un patron de café s'attache à une prostituée, sa soeur s'ennuie dans son couple sans problèmes

après "le chignon d'olga", prometteur, bonnell s'emmelait les pinceaux avec "les yeux clairs", tombant dans une pose auteuriste pseudo rohmérienne crispante. ce troisième film, plus "ambitieux" - que veut dire "ambition" ? on va dire filmer avec un plus gros casting que juste sa copine - est plus intéressant mais il confirme l'écart avec des cinéastes qui ont plus de chair, comme manuel poirier dans le genre chronique provinciale du quotidien. toute la différence avec ces beaux "petits films" de 2006 qu'étaient "itinéraires" et "le passager". filmer avec "sensibilité", le propre de ce film tout en retenue ne suffit pas, ça manque de nerf, de conviction à raconter des histoires. celle de darroussin et de sa pute régulière est de loin la plus touchante, pour aboutir à une superbe scène de séparation. grand darroussin, un pilier de notre cinéma comme on dirait. le reste laisse souvent à désirer, malgré la beauté d'emmanuelle devos, tout ce qui tourne autour du jeune gars est sans intérêt.

El Bacos.