11 septembre, 2007

Roger, Tiger, Michael... et Lewis


Petite réflexion en passant sur quatre des plus grandes superstars du sport mondial. J'ai l'impression en effet que je ne parle pas assez de sport sur ce blog, alors que je suis journaliste sportif à la base. Bref. J'ai regardé dimanche soir la finale de l'US Open entre Roger Federer et Novak Djokovic, brillamment remportée par le premier. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas regardé un match de tennis en entier, alors que j'ai joué pendant vingt-cinq ans à ce sport (meilleure perf : 15/2) et que j'ai couvert, à titre professionnel, nombre et nombre de tournois. Une fois achevé le match, je suis tombé sur les derniers trous du BMW Open Championship, troisième manche de la Fedex Cup de golf, où Tiger Woods a remporté une nouvelle victoire.
C'est vrai qu'on ne peut que mettre en parallèle la carrière et la façon d'être de ces deux champions. Autant le dire tout de suite, je crois vraiment qu'on est en train de vivre un moment exceptionnel, avec les deux plus grands sportifs de tous les temps. Dans mon panthéon personnel, personne ne pourra jamais remplacer Ayrton Senna, mais Federer est celui qui s'en rapproche le plus. Car il possède la classe absolue, le charisme naturel propre aux légendes, et il fait des coups que personne ne sait faire. Il domine tellement son domaine qu'il donne l'impression de choisir quand et comment faire évoluer la dramaturgie d'un match. Dimanche soir, cela était frappant : parfois dominé ou menacé, il a toujours serré le jeu aux moments importants pour ne donner aucune illusion à son adversaire et aux spectateurs - c'est bien lui qui gagnerait, même les dieux devaient en convenir.
Woods est tout aussi impressionnant, d'autant plus que, pour m'être mis au golf il y a cinq ans de cela (index actuel : 20.9), je peux jurer que ce sport est plus dur que le tennis, techniquement et mentalement parlant du moins. Dominer ce sport comme il le fait implique donc clairement une extraterrestrialité, si j'ose dire, du bonhomme. En fait, Woods, comme Federer, ne dominent pas leur sport : ils dominent leur époque, voir leur temps. Toutes disciplines et valeurs confondues. Il faut sincérement s'extasier sur ce(s) phénomène(s).
A l'heure actuelle, je pense qu'ils seront vite rejoints par Lewis Hamilton, dont l'histoire n'est pas sans rappeler celle de Woods (enfant prodige, ascension méthodique vers le sommet, style et mental déjà unique). Le grand exploit actuel d'Hamilton, à mon avis, n'est pas de pouvoir être champion du monde dès sa première saison de F1, ce qui serait pourtant historique. Non, c'est d'avoir d'un coup d'un seul, en quelques mois seulement, relégué Michael Schumacher aux oubliettes, en tout cas au rayons des souvenirs anciens. Vous souvenez-vous que l'Allemand était encore au départ des GP il y a un an ? Peut-être, mais n'avez-vous pas l'impression que son époque semble bien plus ancienne déjà ? Comme si on avait changé d'époque ! Comme si Schumi appartenait à un ancien temps !
Schumacher était un guerrier, toujours féroce, souvent mauvais, rarement fair-play. Federer, Woods et Hamilton ne sont pas des saints, forcément pas. Mais au moins ont-ils une attitude naturelle qui confine à l'état de grâce. Eux, ce sont des seigneurs de la guerre sportive.

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