30 décembre, 2011

Bilan BD 2011 (final) / Ma BD de l'année

Allez, le dernier post 2011, pour revenir une nouvelle fois sur la BD. Le fameux rapport de l'excellent Gilles Ratier est donc paru et comme d'habitude on y apprend plein de choses. Il a comptabilisé l'incroyable chiffre de 5 327 livres de bande dessinée parus cette année, soit l'incroyable moyenne de 14,59 sorties par jour ! Je préfère néanmoins nuancer ce chiffre avec celui des strictes nouveautés et créations 2011 (qui est celui qui me concerne après tout) et là on ne totalise plus que 1 577 albums (soit tout de même 4,32 albums par jour...).
Ayant sorti deux albums en 2011, j'ai donc participé à l'effort collectif à hauteur de... 0,12%. Je fais partie des 1 487 auteurs ayant au moins trois albums publiés et un contrat en cours. Le chiffre tombe à 273 lorsqu'on ne compte que les scénaristes qui ne sont pas dessinateurs, ce qui est mon cas. 273, c'est finalement une petite communauté non ?
A titre personnel, je constate qu'aucun de mes albums ne fait partie des 200 meilleurs tirages de l'année. C'est dommage pour Un long Destin de Sang dont l'Acte 2 fait bien partie des "50 albums de 2011 que les membres de l'ACBD ont choisi de retenir en priorité". Qu'ils en soient une nouvelle fois remerciés. Cela avait déjà été le cas l'an dernier pour le T1 - je peux donc être fier de mon travail !

Comme d'habitude depuis 1979, je vais maintenant me livrer au petit jeu de décerner le prix honorifique de ma BD de l'année. Côté franco-belge, j'ai adoré les T1 et T2 de Barracuda (Dufaux-Jérémy, Dargaud) et c'est d'ores-et-déjà un prétendant pour l'année prochaine si le T3 est à la hauteur. Voyage aux Iles de la Désolation (Lepage, Futuropolis) m'a également marqué, sans oublier 3" (Mathieu, Delcourt). Côté révélation : Horacio d'Alba T1 (Le Gris-Siner, 12 Bis). D'autres valeurs sûres sont à noter et honorent leurs auteurs (Il était une Fois en France T5, XIII Mystery T4, Urban T1, Reconquêtes T1, Les Epées de Verre T2...) mais je vais une fois de plus jeter mon dévolu sur un comics.

En fait, pour la première fois, je vais récompenser une série et non un album. Parue entre 2002 et 2008, j'ai enfin lu en entier la grande saga Y The Last Man (Vaughan-Guerra, Vertigo) et c'est donc mon choix 2011. 10 albums de compilation, 60 issues en tout, c'est une grande oeuvre de la BD contemporaine qui raconte pratiquement au jour le jour l'itinéraire du dernier homme sur terre après qu'un fléau a tué tous ses congénères. Le découpage est évidemment ultra efficace et sacrément bien foutu, et même s'il y a des longueurs, on suit avec passion les cheminements des personnages. Le dessin n'est pas génial mais c'est surtout la qualité (drôlerie, ironie, intelligence) des dialogues qui a fait la différence. J'ai également été surpris par un dernier chapitre assez noir et désabusé.


Voici à titre indicatif les anciens lauréats :
1979 - Ici-Même (Forest-Tardi, Casterman)
1980 - La Foire aux Immortels (Bilal, Dargaud)
1981 - Le Comptoir de Juda (Les Passagers du Vent T3 - Bourgeon, Glénat)
1982 - Silence (Comès, Casterman)
1983 - Les Disparus d'Apostrophes (Jack Palmer T4 - Pétillon, Dargaud)
1984 - Fragments + Passages (Rork T1+2 - Andreas, Le Lombard)
1985 - La Fièvre d'Urbicande (Les Cités obscures T2 - Peeters-Schuiten, Casterman)
1986 - Lulu s'maque (Lucien T3 - Margerin, Les Humanoïdes associés)
1987 - Le grand Pouvoir du Chninkel (Van Hamme-Rosinski, Casterman)
1988 - Watchmen (Moore-Gibbons, DC)
1989 - V For Vendetta (Moore-Lloyd, DC)
1990 - L'Origine (Julius Corentin Acquefacques T1 - Mathieu, Delcourt)
1991 - Dream Country (Sandman T3 - Gaiman-Various, DC)
1992 - Froid Equateur (Bilal, Les Humanoïdes Associés)
1993 - The Books of Magic (Gaiman-Various, DC)
1994 - Fables & Reflections (Sandman T6 - Gaiman-Various, DC)
1995 - A Dame To Kill For (Sin City T2 - Miller, Vertige)
1996 - Il faut le croire pour le voir (Forest-Bignon, Dargaud)
1997 - From Hell (Moore-Campbell, Kitchen Sink)
1998 - Bloody Hell in America (The Invisibles T4, Morrison-Jimenez, DC)
1999 - Vacances de Printemps (Les formidables Aventures de Lapinot T5 - Le Gall-Trondheim, Dargaud)
2000 - Le Capitaine écarlate (David B, Dupuis)
2001 - Le Singe et la Sirène (Dumontheuil-Angeli, Casterman)
2002 - Born in Fire (Rising Stars T1 - Straczynski-Various, Top Cow/Image)
2003 - Lowlife (Daredevil T6 - Bendis-Maleev, Marvel)
2004 - L'Orme du Caucase (Taniguchi-Utsumi, Casterman)
2005 - Olivia Sturgess 1914-2004 (Rivière-Floc'h, Dargaud)
2006 - La Bête (Le Marquis d'Anaon T4, Dargaud)
2007 - L'Empire de Monsieur Joseph (Il était une Fois en France T1 - Nury-Vallée, Glénat)
2008 - Le petit Livre Rock (Bourhis, Dargaud), Le Goût du Chlore (Vivès, KSTR)
2009 - Loin d'être parfait (Tomine, Delcourt), Megan (West T5 - Dorison-Nury-Rossi, Dargaud)
2010 - Strychnine Lives (100 Bullets T9 - Azzarello-Risso, DC)

26 décembre, 2011

Mission : Impossible Protocole Fantôme *

de brad bird avec tom cruise, jeremy renner, paula patton

l'agence de ethan hunt est dissoute, ils vont agir en solo pour dénouer une attaque nucléaire, de Moscou à Mumbai en passant par Dubai

Encore un des ces films où on se fait avoir. Certes de la grosse prod US, blockbuster de l'automne mondial, mais avec une critique bien positive, sur l'efficacité du produit en question. Raté, c'est plutôt mauvais, bien en-dessous du minimum syndical. Cruise tente The comeback avec ce 4eme "MI", sauf que le petit Tom a choisi d'assurer en faisant dans la surenchère du genre, un (trop) plein de scènes d'action, de musique plus que saoûlante, d'explosions, de montage frénétique, une intrigue globalement incompréhensible, rien de crédible, tout dans l'exagération, et peu, vraiment trop peu, de dérision et d''humour. Brad Bird excellait dans le film d'animation, qu'il y reste, un film d'action n'est pas "Ratatouille", quelle bizarre idée de l'avoir engagé. Tom assure physiquement, notamment la seule scène qui fasse frémir, sur la Tour de Dubai, mais toujours aussi limité dans son jeu. Lea Seydoux promène son joli minois de blonde boudeuse pour son premier film US, pas d'une grande crédibilité en jeune tueuse française...

17 décembre, 2011

Top 10 objectifs BD

Petit jeu artificiel, sans doute vain, mais pas totalement inintéressant et en tout cas sincère sur ce qu'il me reste à obtenir dans ce métier qui est aussi le mien : auteur BD. Voici mes dix aspirations (pour 2012 et au-delà) classées en ordre d'importance décroissante...

1. VIVRE DE LA BD !
Voilà vingt ans que j'essaye d'atteindre ce nirvana, et je n'y arrive toujours pas - cela est évidemment dû à l'absence d'un best-seller dans ma bibliographie qui pourrait me permettre d'engranger des royalties régulières... On doit donc se contenter des avances sur droits et ça ne suffit pas à tenir annuellement. Il faut donc faire un autre métier...

2. ANDREAS ACCEPTE DE DESSINER UN DE MES PROJETS !
J'ai tellement d'admiration pour Andreas que j'ai bien souvent rêvé qu'il disait "oui". Contacts il y a eu, réponse positive jamais il n'y a eu. Son imaginaire est tellement riche que je peux comprendre qu'effectivement il n'ait pas besoin de moi... Mais sait-on jamais ?

3. ETRE EDITE PAR DELCOURT ET FUTUROPOLIS !
Je n'ai aucun a priori contre personne dans ce métier, mais après le Vaisseau d'Argent, Dargaud, Casterman, Emmanuel Proust, Glénat et 12Bis, j'estime que d'autres maisons d'éditions pourraient m'accueillir. Dupuis, Bamboo, Le Lombard, Soleil, Quadrants, je veux bien. Delcourt et Futuropolis, je veux énormément.

4. ETRE TRADUIT EN ANGLAIS !
Parce que c'est la langue des comics et la langue universelle, et que ça signifierait évidemment une présence sur le marché américain et anglais... Si ça ne se fait pas avec mon roman graphique Terra Australis, là je ne comprendrais plus rien.

5. ECRIRE UN SCENARIO A DEUX !
Il faudra quand même bien un jour qu'un de mes collègues scénaristes se laisse tenter par le fait de travailler avec moi sur un projet ! Je ne sais pas ce que ça pourrait donner, mais n'étant pas d'une nature conflictuelle, je pense que ça pourrait être intéressant...

6. PARTICIPER A UN PROJET COLLECTIF !
Un peu dans la lignée du précédent point. Je ne parle pas ici d'un projet où plusieurs dessinateurs sont impliqués : j'ai connu ça avec L'ultime Chimère et ça m'a bien plu. Non, je parle d'un projet-concept façon Delcourt (7, Le Casse, Jour J...) où je serais sollicité et où il faudrait se creuser les méninges... Je suis disponible !

7. ECRIRE UN BLAKE & MORTIMER !
Parce que je crois que c'est un peu le phantasme de tous les scénaristes de la profession... Je jure ici que j'ai évidemment une idée déjà prête si on faisait appel à moi et que je crois sincérement qu'elle est bonne !

8. AVOIR DU FIXE DANS MES CONTRATS !
Je rigole un peu mais j'ai tellement entendu parler de cette clause mirifique et seulement réservée à une élite que j'aimerais bien, ne serait-ce qu'une fois, voir ce que ça fait...

9. ETRE PLUS SOUVENT INVITE DANS LES FESTIVALS !
Là en revanche, je ne rigole plus parce que c'est vraiment quelque chose qui me manque. Je ne suis pas dessinateur, on est d'accord, mais bon, j'ai tout de même l'impression qu'on pourrait penser à moi un peu plus souvent ! Mais il est vrai qu'avec mon autre métier, il n'est pas toujours facile de se libérer... Maudit cercle vicieux !

10. ETRE FINALISTE POUR LE GRAND PRIX ACBD ET ETRE NOMINE A ANGOULEME !
Je regroupe ces deux notions qui sont complémentaires finalement et qui symbolisent notre désir à tous de reconnaissance et de (petite) gloire. Il faut rester humble face à cela et je ne suis pas habitué aux honneurs. Mais c'est une notion qui existe, et qui prouverait déjà qu'on a été lu, compris, approuvé, voire envié. Et ça ne peut faire que du bien et donner confiance.

Vous remarquerez que je n'ai pas parlé d'adaptation audiovisuelle d'un de mes scénarios, notamment au cinéma. C'est sûr que c'est là aussi un objectif qui serait formidable. Mais je crois sincérement que ça n'arrivera jamais !

14 décembre, 2011

Shame ***

de steve mc queen avec michael fassbender, carey mulligan

New York, Brandon, multiplie les conquêtes, mais plus sex-addict que séducteur. L'arrivée de sa soeur, instable, va révéler son mal-être.

Deuxième film de Steve McQueen, aprés "Hunger", pareillement maitrisé et ambitieux, on est à l'évidence face à un déjà grand réalisateur, rappelant l'irruption de James Gray à la fin des 90"s. Le sujet n'est pas évident, attention à bien choisir sa séance de ciné et sa salle, l'affiche, ratée, ainsi qu'un "pitch" (un playboy new-yorkais accro au sexe) pouvant tromper... Mais plus le film avance, plus il plonge dans l'autodestruction, plus cela devient intimiste, un vrai film indé, qui dérange, met mal à l'aise. Pas totalement abouti, il manque le mélange de perversion assumée et de tristesse totale qu'avait "le dernier tango à Paris" auquel on pense. le sujet dépasse le thème d'un homme dépendant, son incapacité à s"émouvoir, à accepter la séduction (avec sa collègue de bureau), sa fuite dans le footing dans les rues de NYC (superbe scène nocturne). Un peu démonstratif sur la fin, avec cette scène "de cul à trois" trop mise en scène. Grande interprétation de Fassbender et de Carey Culligan, bien plus convaincante que dans "Drive". La relation entre le frère et la sœur, déterminante dans leur évolution respective, rarement aussi bien montrée au cinéma. Et New York, si souvent filmée, une nouvelle fois fascinante et mémorable.

08 décembre, 2011

Sydney 2011

Je rentre tout juste d'une semaine passée à Sydney, l'occasion pour moi d'aller me "ressourcer" dans cette ville et ce pays, l'Australie, extraordinaires, que j'aime de plus en plus. L'occasion aussi pour moi d'aller poursuivre quelques recherches dans le cadre de mon roman graphique qui paraîtra au mois d'octobre prochain et dont le titre vient d'ailleurs de changer : ce ne sera plus Bandaiyan (le titre sera conservé pour le Livre III de l'album) mais bien Terra Australis. Je travaille au projet de lancer aussi courant 2012 un blog exclusivement consacré à cette oeuvre, qui sera forcément la plus importante de ma carrière de scénariste BD. L'occasion enfin d'aller voir quelques amis sur place et d'assister à la finale du championnat V8 Supercars qui se déroulait au parc olympique d'Homebush. Bref, six jours pleins et bien occupés, hélas tempérés par une météo capricieuse et des températures très moyennes (17-21 degrés), les plus froides pour un début d'été austral depuis 50 ans !
Voici trois photos qui résument un peu la semaine :

Un bateau de croisière semble défier l'Opéra en plein Port Jackson,
la preuve surtout que ces immeubles flottants sont d'une taille gigantesque...

Le Cadmans Cottage, en plein quartier The Rocks, construit en 1816, le plus vieux souvenir
des constructions des premiers colons de Sydney Cove...

Et enfin un avion qui s'envole de Botany Bay, où est situé l'aéroport international,
un soir où un beau coucher de soleil était visible depuis mon appartement...

F1 : GP du Brésil - Webber sauve l'honneur

Le rideau s'est fermé sur la saison 2011 au pays de Senna, à l'issue d'un GP curieusement morne et peu intéressant alors que ce pays et ce circuit d'Interlagos nous avait offert trois années d'anthologie entre 2006 et 2008 lorsque le championnat s'y était joué. Webber a donc gagné, et on ne saura sans doute jamais si ce fut mérité et normal ou si c'est quand même un jeu d'équipe qui a été mis en place, avec la complicité bienveillante de notre incontestable champion du monde de l'exercice, Vettel. Lequel termine l'année avec 36 étoiles, soit le score le plus élevé jamais obtenu pour une année complète depuis que ces étoiles existent, à savoir depuis 1996 ! Le voilà peut-être le nouveau Senna...

Les étoiles d'Interlagos :
*** : Webber
** : Button, Sutil
* : Vettel, Kobayashi, Petrov

Le classement final 2011 : 1. VETTEL, 36 étoiles. 2. Button : 23. 3. Hamilton : 22. 4. Alonso : 18. 5. Webber : 14. 6. Schumacher, Kobayashi : 10. 8. Alguersari, Sutil : 8. 10. Perez, Di Resta : 7. 12. Rosberg, Buemi, Petrov : 6. 15. Heidfeld, Massa : 4. 17. Maldonado, Senna : 3. 19. Barrichello : 12. 20. Liuzzi, Karthikeyan, Kovalainen : 1.

Le classement depuis 1996 : 1. MSchumacher : 264 étoiles. 2. Alonso : 191. 3. Button : 147. 4. Raikkonen : 140. 5. Barrichello : 130. 6. Hamilton : 126. 7. Hakkinen : 125. 8. Coulthard : 118. 9. Vettel : 114. 10. Villeneuve : 100. 11. RSchumacher : 98. 12. Trulli : 91. 13. Massa : 87. 14. Webber : 86. 15. Frentzen : 79. 16. Fisichella : 77. 17. Montoya : 71. 18. Heidfeld : 69. 19. Irvine : 61. 20. Alesi : 58. 21. Kubica : 50. 22. Rosberg : 49. 23. Kobayashi : 28...

Les Neiges du Kilimandjaro ***

de robert guediguian avec jean pierre darroussin, ariane ascaride, gerard meylan, maryline canto, gregoire leprince ringuet

Marseille, Michel perd son travail au Port, mais profite de sa famille, avec Marie-Claire, sa femme. Ils se font braquer violemment un soir. Michel retrouve l'un des agresseurs.

Qualité et justesse de scénario, interprétation, toujours aussi impeccables. Guediguian film depuis 25/30 ans avec la même bande, ils sont devenus vieux mais leurs histoires sonnent toujours juste, encore plus quand ils se retournent sur ce qu'ils sont devenus. le sujet même de ce film, confrontés à la misère sociale manifestée par la violence, alors qu'ils veulent profiter de leur famille, de leurs habitudes. Une histoire qui sait gratter à rebrousse-poil. comme ces deux scènes dérangeantes, des gifles aux leçons de "morale" de Michel/Darroussin face à son pote de lutte Meylan, qui veut que leur agresseur paye le maximum, et celle de Marie-Claire/Ascaride face à la "mère indigne" qui ne s'occupe pas de ses enfants, et lui explique qu'elle n'a pas voulu de cette vie. Bien sûr, ce film reste, comme souvent chez Guédigian, un conte. Un épilogue pas réaliste, mais qui célèbre quand même une fraternité et une bienveillance de ces personnages. Darrousin, royal une fois de plus, tous les "jeunes" de la distribution s’intègrent parfaitement dans la troupe, et mention spéciale à l'indispensable Mayline Canto.