25 février, 2008

Marion, Abdellatif, Antoine, Matthieu, Claude et les autres...

Grand week-end cinéma avec les Césars et les Oscars groupés en 48 heures. Je n'ai évidemment pas veillé toute la nuit pour suivre le triomphe californien de la môme Cotillard (ce n'est quand même pas un GP d'Australie, hé ho), mais j'étais sûr qu'elle aurait la récompense suprême, qui semble effectivement méritée. J'ai plus apprécié La Môme (le film) pour son découpage et son atmosphère parfois à la limite du baroque, comme dans la scène du cauchemar où on croit comprendre que Piaf a bien eu un enfant qui est mort (ce qui est le cas). Sinon, le film se regarde, avec les limites du genre "biographique", mais ça se tient et il faudrait vraiment être mal embouché pour descendre le produit. Cotillard tenait un rôle à récompense, c'est clair, et elle a assuré - bien mieux que Evelyne Bouix dans Edith et Marcel il y a 25 ans chez Lelouch (pourtant, c'est bien l'un de mes Lelouch préférés !). Bravo donc à elle, mais j'attendrai d'en savoir un peu plus sur sa personnalité, qui ne me semble pas méga profonde, mais je peux me tromper.
Sinon, on a eu droit à notre lot de moments "à commenter" du côté de ces Césars : La Graine et le Mulet a donc coiffé tout le monde ou presque au poteau, une grande habitude des Césars avec un film sorti en décembre de l'année précédente. On n'a pas trop compris la saille d'Abdellatif Kechiche sur France 2 Cinéma, mais ça devait l'avoir gavé grave pour qu'il en remette cinq couches successives sous l'oeil d'un Patrick De Carolis qu'on avait presque envie de plaindre pour une fois... Sinon, on a trouvé l'humour de De Caunes plutôt toujours aussi ravageur et impertinent (tant mieux), sauf peut-être côté mime Marceau et cigarettes (ceux qui ont vue la cérémonie me comprendront peut-être). On a bien aimé le texte de Matthieu Amalric, même s'il apparaît qu'il a été "écourté" - il y avait un vrai style original. Dommage peut-être qu'il ait un César pour un rôle "à récompense", on ne va pas le lui reprocher, mais bon, je suis persuadé que ça n'a pas été la plus difficile composition de sa carrière.
Sinon, on a failli voir Claude Berri se gauffrer en direct... Il commence à se faire vieux, mais il sait se positionner le bougre. Pas comme son fils, apparemment, dont on vous livre la chronique du Astérix ci-dessous... Et puis, pour conclure, petit hommage à Rochefort : on est décidément toujours aussi fan de son côté pince sans rire, décalé, le voir passer avec un chien en laisse sur la scène sans deserrer la machoire m'a bien fait rire sans que je sache pourquoi... Une forme de génie, sans aucun doute.


de frédéric forrestier et thomas langmann avec benoit poelvorde, clovis cornillac, gerard depardieu, alain delon

alafolix, le gaulois, doit gagner les JO pour vivre avec la princesse grecque Irina. Mais Brutus, le fils de César est aussi sur les rangs...

Quoi ? quoi ? quoi ? Ca pose problème à quelqu'un dans la salle ? C'est ainsi, ça va être le ou l'un des plus gros succès de l'année -quoique il a intérêt à cravacher pendant les vacances, y'a comme une justice-, alors faut voir sur pièces. Et puis quand on s'est infligé "les bronzés 3", on se sent invulnérable. Et tant qu'à faire, autant faire tout bien comme il faut, séance aux Halles (argh), un samedi aprème de vacances scolaires (re-argh) et avec une salle pleine de morveux crétins avec pop corn (bref, le public des Halles). Que dire en fait, à part le nombre de chouingues gomme consommés pour ne pas s'endormir ? On s'emmerde, profondément, c'est tout. Moins l'impression d'arnaque que les Bronzés. Mais un film qui vise très large, les gamins en dessous de 10 surtout. Et qui tourne à vide presque en permanence. On sauvera 2/3 gags de la BD et les appartés des romains qui semblent viser la niche des spectateurs au dessus de 15 ans. Passent encore les scènes d'action, sans surprise, les effets spéciaux habituels qui donnent l'impression de ne rien vraiment voir en fait. Mais le pire, le pathétique parfois se retrouve dans d'incroyables scènes de remplissage, sans l'ombre d'un intéret, pas dans la BD bien sûr. Comme celle du miroir de César, presque 10 mn pour arriver à une apparition de Danny Brillant.. Incroyable en fait, comme scène ! Sur la saga Astérix, Chabat, avec le 2, avait fait le maximum. Pas génial mais avec son talent comique, c'était le mieux pour adapter une BD... pas adaptable. Alors sans talent comique, on touche le fond, forcément. Et pourtant c'est une des meilleures histoires, celle de l'éternel "les sangliers ont du bouffer des cochoneries", dans les tribunes des JO, trop fin pour un tel film. les réalisateurs doivent savoir qu'ils rament, la fête de la fin n'ayant que pour seul but de maximiser les stars (la triplette Debouze / Zidane / Parker) pour sauver ce qui reste à sauver. Cornillac est bien sûr mieux que Clavier mais il a l'air aussi peu concerné, comme endormi, idem Depardieu et comme dans la précédent, ils passent les plats, au profit de Poelvorde qui fait ce qu'il fait quand le role n'est pas écrit, il cabotine et ne fait pas tellement rire. Omniprésent, tant quà choisir, on reprend du Debouze. Finalement Delon est pas si mal. Mais la concurrence est faible. il y a quand meme un festival de très très mauvaises compositions (elie semoun ! jean todt : sim ! - oui il est encore vivant, ça fait au moins une chose qu'on aura appris...)

19 février, 2008

Lost, saison 4


Vous ai-je déjà dit que j'étais fan de Lost ? Eh bien oui, j'avoue que c'est pour moi la meilleure série télé depuis Six Feet Under, et sans aucun doute une de mes trois préférées de tous les temps (les autres étant donc Six Feet Under et Le Prisonnier). Je vois d'ailleurs pas mal d'analogie entre Le Prisonnier et Lost, moins finalement dans le contenant (un lieu fermé, duquel on ne peut partir) que dans le contenu (avec des éléments clairement fantastiques).
Je suis en train de suivre, comme tous les passionnés, les épisodes de la saison 4, via le site VOD de TF1 (1,99 euros l'épisode, il faut avouer que c'est honnête même si ça me fait ch... de donner de leur donner de l'argent). On est de plus en plus perdus entre les allers-retours entre présent/passé/avenir et toutes les hypothèses qui viennent à l'esprit, mais ça fait partie du charme. Tant pis si je suis laissé dans l'inconnu, j'aime ce côté feuilleton et cette ambiance incroyable, quitte à attendre encore deux ans pour avoir quelques réponses ! Si jamais il y en a, car il n'y aura rien de pire qu'une sorte de justification tarabiscotée de tous les éléments - il vaudra mieux, alors, laisser une part de mystère insoluble...
En tout cas, Lost est pour moi, pour l'instant, le seul travail scénaristique, tous médias confondus, qui semble à ce point complétement dingue et envisagé dans sa globalité. On a même du mal à croire qu'ils ont pu à ce point anticiper les événements et la logique globale de la série mais force est de constater que ça marche et qu'on n'a pas encore d'incohérence dans l'incohérence... Je dis souvent qu'un scénario fantastique est réussi à partir du moment où il est vraisemblable dans l'invraisemblable. Ce qui n'est pas forcément facile à faire ! Là, c'est le cas et je reste confondu par autant de pistes qui s'ouvrent et le travail que cela représente que de les avoir seulement imaginées...
Bref, je me rends compte aussi que des méga-fans vont jusqu'à créer des blogs entier pour expliquer quelle est leur théorie à propos de Lost... Je les admire quelque part, mais moi je me laisse faire, c'est décidé. Il semble bien qu'on revienne à une notion de voyage dans le temps, et si vraiment c'était ça, alors je suis curieux de voir jusqu'où ils vont pouvoir aller...

No Country For Old Men *


de joel et ethan coen avec javier bardem, josh brolin, tommy lee jones, kelly mc donald

Texas, un cow boy récupère par hasard un magot dans le désert. un tueur fou le poursuit. Et un sheriff fatigué les suit.

Il faut dire les choses comme elles le sont surement. Ce film des frères Coen qui est plutot célébré par la critique, sans compter quelques récompenses, a fait l'évènement à sa sortie, attire du monde mais il va décevoir une bonne partie des spectateurs, au mieux on dira qu'ils sont décontenancés, au pire bien emmerdés. Alors soyons sévères et directs, on peut l'être au vu de leur carrière plutot unique et la pelletée de grands films en tous genres qu'ils ont fait depuis plus de 20 ans et admettre que ce film est décevant, voire très décevant. En toute subjectivité, bien sûr, mais c'est le but. Sentiment que cela ne démarre jamais, qu'il y a de quoi voir sur l"écran parce que le talent de mise en scène est là, du haut niveau, ils ne perdent pas la main, belle brochette d'acteurs, une ambiance, un style mais ça n'accroche pas, on reste vaguement indifférents à tout ce qui se passe, ce n'est ni violent trash comme il pourrait l'être, ni drole comme savent l'être les Coen, pas de suspens, pas de tensions, pas d'ironie à la "Fargo", pas d'évidence du film noir comme "Blood simple", juste un bel exercice de style qui tourne rapidement à vide, pendant 2 heures en fait. Alors la vérité doit se cacher dans le roman adapté, faussement film de poursuite et d'action. Vu l'ennui dégagé on supposera que cette adaptation ne passe pas l'écran. On retiendra la tronche de Bardem, sa coiffure, mais rien de mémorable comme d'autres films de la tribu US Coen, Sodenbergh, Tarentino et cie.

Un monde de bulles



J'ai été invité hier à participer à l'émission Un Monde de Bulles, diffusée tous les vendredis soir (en première diffusion) sur Public Sénat. Je suis intervenu (une bonne dizaine de minutes tout de même, on verra si l'intégralité a été conservée au montage...) dans le cadre de la sortie de L'ultime Chimère, of course. Plusieurs autres auteurs Glénat étaient là, notamment Aude Picault (charmante) qui sort très bientôt Eva. On va donc guetter la diffusion de l'émission, en attendant vous pouvez toujours aller voir le site consacré à Un Monde de Bulles, animée par Jean-Philippe Lefèvre, car il est normal de féliciter une initiative qui vise à parler de BD à la télévision !
http://www.unmondedebulles.com/

18 février, 2008

Juno * * *


de jason reitman, avec ellen paige, michael cera, jennifer garner, jason bateman

USA, Juno, 16 ans tombe enceinte, de son jeune copain, un peu par hasard. Elle décide de le garder et de le confier à un couple d'adoption. Grande gueule et volontairement différente des ados qui l'entoure, elle essaye de vivre une grossesse sans trop de soucis, elle se lie d'amitié avec le mari adoptant.

En dehors des nominations aux Oscar parmi de "gros films", le potentiel attraction / charme de "Juno" rappelle forcément "little miss sunshine", histoire du quotidien plutot familial US, avec un gros fond de gravité mais traité avec le plus de légéreté, humour, et dérision. Un peu le cocktail idéal des films américains de ces dernières années, un bon réalisateur indépendant, intelligent, fin, un sujet simple et un thème autour de l'adolescence, sans doute le sujet le mieux traité dans le ciné indé US, les exemples de splendides réussites ne manquent pas ("donnie darko", "mean creek", "virgin suicides", "mysterirous skin", etc). Il faut trouver le bon dosage dans ces comédies indés, ne pas faire trop intello / malin sinon on tombe dans l'insupportable prétention d'un "stotytelling" de todd solonz. Et échapper à la niaiserie qui guette. Reitman réussit parfaitement, à la fois drôle, très bien dialogué et touchant. Il rit de ses personnages, mais sans charger, la preuve avec la mère adoptante - Garner - qui n'est pas si ridicule et le petit copain, qui est sincèrement attachant malgré ses allures immatures, on comprend Juno. Et un excellent personnage, le mari, dont une sorte d''"immaturité adulte" (ça veut rien dire, oui..), avec ses disques de sonic youth, ses films d'horreur, ses guitares, le rapprochent de Juno, trop mature pour son age. Le seul bémol -et le principal atout du film- serait le personnage de Juno. Sens de la répartie, ironie sur ce qu'elle vit et elle meme (elle fait voix off), une actrice étonnante, c'est le moteur du film. Mais aussi agacante à force d'être si "cool", on en a croisé des comme ça, brillantes, mais qui en deviennent têtes à claques... parfois elle en fait un peu trop, ça va un peu loin et ça se rapproche du "film trop malin" (cf avec le mari et leurs dialogues sur la musique). Mais l'armure se lézarde et elle est soudain désemparée, moins sûre d'elle, et le film prend plus d'ampleur. Une bande son folkie finalement sans surprise (Belle & Sebastian, CatPower..) mais qui colle bien. Peut-être un film à ne pas prendre pour plus que ce qu'il est, ne pas le surestimer, il en aura d'autant plus de valeur.

15 février, 2008

A propos d'une sélection des Inrocks...

Est récemment sorti un hors-série des Inrocks consacré à 100 albums BD indispensables. Louable effort, dont je suis par ailleurs adepte, cultivant avec certains le goût des classements et autres listings en tout genre. Mes parents seraient là, ils vous diraient que j'ai passé ma jeunesse "à faire des listes"... Donc, j'aime l'exercice et je me suis bien sûr procuré ce hors-série. Ils classent en n°1 Jimmy Corrigan de Chris Ware, que j'ai essayé de lire en entier sans y parvenir, je vous rassure. Je suis néanmoins assez admiratif de ce que représente Ware, qui est d'une exigence assez incroyable à son niveau.
Je me suis forcément demandé ce que je mettrais dans une sélection de 100 BD indispensables... Il y aurait d'abord, forcément, tous les albums que j'ai élu, ces dernières années (depuis 1979 à vrai dire) comme étant "ma bd de l'année". Je vous laisse parcourir cette liste que j'avais actualisée dans un post du 17 janvier 2007. Je rajouterais forcément plusieurs Tintin, qui sont évidemment des chefs-d'oeuvre absolus : Tintin au Tibet, Coke en Stock, On a marché sur La Lune, Les Sept Boules de Cristal, Le Temple du Soleil et L'Affaire Tournesol. Côté Astérix, je sors Astérix en Corse et Astérix chez les Bretons. Pour Lucky Luke : Le 20e de Cavalerie, Le Pied-Tendre, Tortilla pour les Dalton. Alix : Le dernier Spartiate, un véritable monument. Toujours chez Jacques Martin, j'ajouterais Le Repaire du Loup (Lefranc). Blake et Mortimer : La Marque jaune, pour l'atmosphère de Londres. Tanguy et Laverdure : le diptyque L'Ecole des Aigles et Pour l'Honneur des Cocardes, superbe histoire d'honneur. Valérian : peut-être L'Empire des Mille Planètes, en tout cas un des premiers albums. Pareil pour Le Vagabond des Limbes : Les Démons du Temps immobile et Pour trois Graines d'Eternité. Thorgal : La Magicienne trahie, le tout premier. Spirou : Le Nid des Marsupilamis, intemporel. Voilà pour quelques grandes séries qui me viennent spontanément à l'esprit...
Côté albums plus individuels : Idées Noires de Franquin, La Ballade de la Mer Salée de Pratt, Les Phalanges de l'Ordre Noir de Christin et Bilal, voire Partie de Chasse. Gotlib : Rubrique à Brac T3-5, génial. Sans doute un des premiers Gai-Luron. Blonde Platine d'Adrian Tomine. Lauzier : La Course du Rat et La Tête dans le sac, jubilatoires. Et puis bien sûr Andreas : les deux premiers Rork (Fragments et Passages), plus Coutoo, Cyrus/Mil et Cromwell Stone.
Voilà, je vais m'arrêter là pour l'instant, mais j'en oublie certainement beaucoup...

Par avion (5)


USA, côte Est en descendant vers New York, juillet 2007.

11 février, 2008

Sweeney Todd * * *


de tim burton avec johnny depp, helena bonham carter, alan rickman, timothy spall

Londres, 19eme, un barbie revient en ville exercer, sous le nom de Sweeney Todd, il cherche revanche contre l'homme qui l'a fait fuir injustement, quittant sa femme et leur bébé

Reconnaissons qu'il faut un certain temps avant de rentrer dans ce film. Sans doute parce que cet univers de Tim Burton devient presque trop familier, rappelant à l'évidence des "Sleepy Hollow", "Noces funèbres", ou autres, sans oublier toutes les références que l'on trouvera à ces ambiances sombres, sales et inquiétantes de villes du 19eme, en tournage studio et pas mal d'effets visuels, comme "La Cité des Enfants perdus" de Jeunet, auquel on pense souvent. le temps aussi de s'habituer aux nombreux passages de "musical". Pas par rejet, il y a eu de très belles réussites du genre, ces dernières années, "Moulin Rouge", par exemple, mais parce que les morceaux et orchestration de Stephen Sondheim sont assez typés de ce genre de film, grosse orchestration, parfois vraiment trop, trop attendu. On est surtout devenu un peu blasé face au talent de Burton, car il n'y a pas une faute de mise en scène, c'est du très grand ouvrage, impeccable à tous points de vue. Le vrai intérêt revient quand le scénario tourne au macabre, que Todd manifeste toute sa noirceur, que Burton en rajoute dans le glauque de presque tous les personnages, où les gueules typiquement british et lâches des grands Spall et Rickmanqui fait de plus en plus penser à Francois Berleand... si, si) ricanent et grimancent. Ca dégouline de sang bien gentiment sur la fin, vraiment pas porté sur le happy end, ce qui emporte clairement le morceau, Burton est toujours un type à part, dans un univers qu'on commence à bien connaitre mais toujours aussi talentueux, et prenant toujours autant de risques, la petite chambrée de l'ugc Danton tendant à prouver que ça s'est un peu planté pour la fréquentation. Et sa bande rapprochée, Helena et Johnny font plaisir à voir, étonnant comme ce trio semble soudé, malgré la popularité. Grande, très grande interprétation de Depp, plus dans le physique et le jeu torturé que d'habitude encore.

06 février, 2008