28 septembre, 2007

Détours (6)


Amiens, 2007.

26 septembre, 2007

Trois jours bien remplis...


Lundi 24 septembre - Réunion au sommet chez Glénat, pour continuer de préparer L'Ultime Chimère. Je fais la connaissance de plusieurs personnes importantes, comme Jean Pacciuli, le nouveau directeur général, et je retrouve Franck Marguin, mon éditeur, sans oublier l'incontournable Henri Filippini, véritable sommité mondiale de la BD. D'autres personnes, de la presse, du marketing, se joignent à nous, et aussi Brice Goepfert, un des six dessinateurs du projet. Ses planches sont superbes, comme sont celles de Griffo et Héloret, qui ont déjà bossé à une vitesse stupéfiante ! Je suis emballé, et je dois dire que l'accueil qui m'a été réservé par Glénat fait chaud au coeur. Une véritable dynamique s'est créée, et je suis très motivé. Le T1 sortira à la mi-mars 2008, juste avant le Salon du Livre. Les couvertures seront signées par Griffo, et nous avons décidé quel sera le coloriste : Bruno Pradelle. Les sept albums sortiront chaque année en mars et septembre, le dernier étant prévu pour janvier 2011. Mine de rien, ça va aller vite ! Le projet fera partie de la collection Grafica. Que des bonnes nouvelles !

Mardi 25 septembre - Réveil à 5h, TGV à 7h20 pour aller à Avignon, avant de rejoindre par la route Alès. Au menu : une journée passée en compagnie de Romain Dumas, grand pilote auto - 3e des dernières 24H du Mans avec le Pescarolo Sport, victorieux six fois aux Etats-Unis avec les Porsche RS Spyder de Roger Penske. Ca ne vous dit peut-être rien, mais dans le milieu, croyez-moi, c'est énorme. Et Romain est sans doute devenu un des cinq meilleurs pilotes de protos et d'endurance au monde. Et en plus, il est nature et il dit ce qu'il pense. Ses parents se sont joints à nous pour déjeuner et c'était très sympa. Le reportage passera dans un prochain numéro d'Endurance Mag, sur Motors TV. Retour à Paris le soir à 22h40, couché vers 1h du matin. Ouf.

Mercredi 26 septembre - Réveil à 6h30 pour toute la famille. Nous sommes attendus à Versailles pour faire figurants sur le nouveau film de Bruno Podalydes (photo) : Bancs Publics. Nous tournons le matin, au square des Francines. Serons-nous dans le plan et le champ ? Peut-être mais pas sûr... Accueil en tout cas très sympa de la part de la production, service impeccable le midi à la cantine. L'après-midi, hélas, il pleut, et un grand plan général avec tous les acteurs est annulé. Discussion en tout cas rapide avec Bruno Podalydes, rencontre d'un 3e frère dans la famille (Laurent), conversations avec les doublures de Denis Podalydes (hélas absent), Didier Bourdon et Chiara Mastroianni... Et puis soudain, apparition d'Emmanuelle Devos, avant que les éléments ne se déchaînent. Espérons que le film soit aussi réussi que Versailles Rive Gauche et Dieu Seul Me Voit, chef-d'oeuvres incontournables du cinéma français de la fin du XXe siècle...

20 septembre, 2007

Petite réflexion sur un problème de scénario



Je regardais hier soir La Tourneuse de Pages sur Canal +. Un film pas dénué de qualités, notamment au niveau de l'interprétation et d'une certaine atmosphère trouble et ambiguë entre les deux personnages féminins. Ca manque un poil de rythme, mais on va dire que c'est raccord avec le "décor" du film, que ce soit la grande maison bourgeoise ou plus généralement la musique classique.

Je n'ai malheureusement pu que bondir au début lorsqu'une grande erreur de scénario nous saute à la figure. Nous suivons donc une fillette d'une dizaine d'années qui s'en va passer un concours de piano. L'instant est grave pour elle, on la sent et on la sait tendue. Elle attend son tour. Arrive alors le jury, en tête duquel on voit Catherine Frot, qui est une grande pianiste dans le film. Elle aussi a l'air assez grave, pénétrée peut-être de son importance face à tous ces yeux d'enfant et d'adultes qui l'ont reconnu et qui la dévisagent. Une femme, justement, s'approche d'elle et lui demande un autographe. Elle refuse, disant : "ce n'est pas le moment". Elle s'enferme avec ses collègues dans la salle d'examen.

La jeune Mélanie est alors appelée. Elle pénètre dans la salle et se retrouve face au jury qui lui demande de commencer. Elle s'éxécute, toujours tendue mais concentrée. Tout se passe bien jusqu'au moment où la porte s'ouvre et où une femme (est-ce la même que la première fois, j'avoue que je ne sais plus - mais qu'importe) vient, en essayant d'être la plus discrète possible, demander un nouvel autographe à Catherine Frot - qui le signe avec un grand sourire. Evidemment, ce remue-ménage a troublé et dérangé l'enfant au piano, qui s'est arrêtée. La grande pianiste lui dit alors qu'il ne fallait pas qu'elle s'arrête et lui demande de continuer. Mélanie reprend sa partition, mais elle n'y est plus et elle accumule les fautes. Elle sera bien évidemment recalée.

Je voudrais bien qu'on m'explique comment il se fait que Catherine Frot refuse de signer un autographe avant les examens, sous prétexte que "ce n'est pas le moment" (ce que l'on comprend fort bien puisque l'instant appartient d'évidence à ce concours et à ces enfants concentrés et anxieux) - et que l'on puisse accepter ensuite que la même (ou une autre) femme vienne carrément déranger une candidate pendant sa prestation au même motif et que cette fois ça ne pose aucun problème ! Ce n'est tout simplement pas logique, même si on me dit que cela illustre le fait que la pianiste n'a pas pu résister à flatter son égo. Car à ce moment là, elle aurait signé le premier autographe, qui plus est devant tout le monde. Pire : ce n'est même pas le fait de signer le deuxième autographe qui est gênant : c'est le fait qu'une groupie puisse venir dans la salle d'examen en plein concours pour un motif dont on sait qu'il n'a pas été accepté au préalable! C'est tout simplement impossible.

Dans ces cas-là, je me demande toujours comment ces artifices de scénario peuvent être conservés. La plupart du temps, on ne peut que se dire que le scénariste a été paresseux, préférant s'appuyer sur une scène séduisante sur le papier mais qui ne fonctionne pas en réalité. Rageant !

17 septembre, 2007

F1 : GP de Belgique (14/17)

Poétiquement surnommé "le pot de chambre de la Belgique", le circuit de Spa est resté sec tout le week-end. Dommage. On aurait certainement eu de l'action s'il avait plu. Car hormis le premier tour, rien à dire. Les quatre premiers sur la grille ont terminé aux quatre premières places, circulez y a rien à voir. Non, ce qu'il faut retenir c'est la prestation foireuse des quatre grands anciens de la F1 (Coulthard, Barrichello, Fisichella et Ralf Schumacher), tous plus anonymes les uns que les autres alors que certains petits jeunes se mettaient en évidence : Rosberg, Sutil, Sato, Kubica... Il est vraiment temps qu'il y ait un changement de génération en F1.
Quant à Alonso-Hamilton, ça ne clashe pas encore totalement mais on a eu chaud. C'est pour bientôt, rassurez-vous.

Les étoiles de Spa :
*** : Raikkonen
** : Sutil
* : Rosberg, Kubica


Le classement après 14 GP :
Hamilton : 22
Alonso : 20
Massa : 15
Raikkonen : 14
Kovolainen : 9
Heidfeld, Kubica : 8
Rosberg : 6
Sato, Wurz : 5
Trulli : 4
Fisichella, Webber, Coulthard : 3
Vettel, Winkelhock, Button, Sutil : 2
Speed, RSchumacher : 1

14 septembre, 2007

Jacques Martin, l'empereur des Grosses Têtes



Eh bien les amis, je vous le dis comme je le pense : la disparition de Jacques Martin me touche. Tout simplement parce que ce type a quelque part été très présent dans ma jeunesse. Je ne parle pas ici de l'animateur télé un peu pépère qu'il était devenu (mais personne ne pourra jurer n'avoir pas regardé et ri devant L'Ecole des Fans), ni du passionné de cuisine qui avait, dit-on, le talent d'un chef, ni du chanteur d'opérette ou lyrique, ni même de l'animateur du Petit Rapporteur, cette émission que je me souviens avoir regardé étant petit (comme le faisait la France entière, tout en chantant en rigolant "à la pêche aux moules-moules-moules"...), et encore moins, évidemment !, l'ancien mari de Cécilia S., celle qui est pote avec Kadhafi.

Non, je veux au contraire me remémorer ces jours de 1980, je crois, à quelques mois près, où j'ai découvert Les Grosses Têtes, déjà présentées par Philippe Bouvard. Mon père et mon grand-père maternel ne manquait pas une émission et à les voir éclater de rire, j'en suis venu à prêter attention. J'avais 13-14 ans et c'est aussi de là que remonte mon intérêt pour l'audiovisuel. Dès lors, moi non plus, pendant deux-trois ans je n'ai pas quitté cette émission qui avait alors la chance de posséder un trio d'invités absolument phénoménal : Jean Yanne, Olivier de Kersauzon et Jacques Martin. Le talent, la culture, la drôlerie, la férocité, la provocation, le génie comique - tout cela était réuni autour de la table de RTL pour une grande déconnade dont je suis sûr que les jeunes n'ont pas idée du niveau qu'elle atteignait... Franchement géniale. Je pense notamment à l'épisode "Montluçon", où les trois rigolos (rejoints ce jour-là par Yves Mourousi) ont fait une demi-heure d'improvisation sur cette ville... qui n'a jamais été aussi célèbre et ne le sera jamais plus ! A l'époque, j'avais enregistré les best of des Grosses Têtes sur K7 audio, ça a été un drame de ma vie de perdre ces extraits lors de mes déménagements... Je ne vois en tout cas aucun équivalent de nos jours dans la scène "music-hall" pour atteindre le niveau atteint à cette époque-là...

Je crois qu'au début des années 90 était paru un double CD "best of Grosses Têtes", avec tous les meilleurs moments de cette glorieuse époque, mais je ne l'ai jamais trouvé. Et je n'ai jamais compris pourquoi le CD du 25e anniversaire, paru il y a quelques années, ne contenait aucun extrait avec Jacques Martin. S'était-il fâché avec Bouvard ?...

En tout cas un grand monsieur, le Serrault de la télé et de la radio !

11 septembre, 2007

Roger, Tiger, Michael... et Lewis


Petite réflexion en passant sur quatre des plus grandes superstars du sport mondial. J'ai l'impression en effet que je ne parle pas assez de sport sur ce blog, alors que je suis journaliste sportif à la base. Bref. J'ai regardé dimanche soir la finale de l'US Open entre Roger Federer et Novak Djokovic, brillamment remportée par le premier. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas regardé un match de tennis en entier, alors que j'ai joué pendant vingt-cinq ans à ce sport (meilleure perf : 15/2) et que j'ai couvert, à titre professionnel, nombre et nombre de tournois. Une fois achevé le match, je suis tombé sur les derniers trous du BMW Open Championship, troisième manche de la Fedex Cup de golf, où Tiger Woods a remporté une nouvelle victoire.
C'est vrai qu'on ne peut que mettre en parallèle la carrière et la façon d'être de ces deux champions. Autant le dire tout de suite, je crois vraiment qu'on est en train de vivre un moment exceptionnel, avec les deux plus grands sportifs de tous les temps. Dans mon panthéon personnel, personne ne pourra jamais remplacer Ayrton Senna, mais Federer est celui qui s'en rapproche le plus. Car il possède la classe absolue, le charisme naturel propre aux légendes, et il fait des coups que personne ne sait faire. Il domine tellement son domaine qu'il donne l'impression de choisir quand et comment faire évoluer la dramaturgie d'un match. Dimanche soir, cela était frappant : parfois dominé ou menacé, il a toujours serré le jeu aux moments importants pour ne donner aucune illusion à son adversaire et aux spectateurs - c'est bien lui qui gagnerait, même les dieux devaient en convenir.
Woods est tout aussi impressionnant, d'autant plus que, pour m'être mis au golf il y a cinq ans de cela (index actuel : 20.9), je peux jurer que ce sport est plus dur que le tennis, techniquement et mentalement parlant du moins. Dominer ce sport comme il le fait implique donc clairement une extraterrestrialité, si j'ose dire, du bonhomme. En fait, Woods, comme Federer, ne dominent pas leur sport : ils dominent leur époque, voir leur temps. Toutes disciplines et valeurs confondues. Il faut sincérement s'extasier sur ce(s) phénomène(s).
A l'heure actuelle, je pense qu'ils seront vite rejoints par Lewis Hamilton, dont l'histoire n'est pas sans rappeler celle de Woods (enfant prodige, ascension méthodique vers le sommet, style et mental déjà unique). Le grand exploit actuel d'Hamilton, à mon avis, n'est pas de pouvoir être champion du monde dès sa première saison de F1, ce qui serait pourtant historique. Non, c'est d'avoir d'un coup d'un seul, en quelques mois seulement, relégué Michael Schumacher aux oubliettes, en tout cas au rayons des souvenirs anciens. Vous souvenez-vous que l'Allemand était encore au départ des GP il y a un an ? Peut-être, mais n'avez-vous pas l'impression que son époque semble bien plus ancienne déjà ? Comme si on avait changé d'époque ! Comme si Schumi appartenait à un ancien temps !
Schumacher était un guerrier, toujours féroce, souvent mauvais, rarement fair-play. Federer, Woods et Hamilton ne sont pas des saints, forcément pas. Mais au moins ont-ils une attitude naturelle qui confine à l'état de grâce. Eux, ce sont des seigneurs de la guerre sportive.

F1 : GP d'Italie (13/17)

Comme toujours à Monza, il ne se passe pas forcément grand chose mais il y a vraiment une atmosphère qui se dégage de ce circuit. Pour la petite histoire, sachez que j'y suis allé pour la première fois... en avril dernier ! Eh oui, en quinze ans de couverture du sport automobile, jamais je n'avais été à Monza - heureusement, la première manche des Le Mans Series est passée par là, une course plus importante qu'on croit puisque c'est donc là, le 15 avril dernier, que la Peugeot 908 a remporté sa première course. Et on peut penser que cette voiture va devenir au moins aussi légendaire que la fameuse 905 des années 91-93.
Trêve de bavardage, revenons à ce 13e GP de l'année. C'est clair, McLaren a frappé très fort, et a surtout appuyé là où ça fait vraiment mal pour Ferrari. Alonso a été impérial, mais si, comme tout le monde, je suis lassé de le voir faire la gueule à tout bout de champ. Hamilton nous a fait deux dépassements somptueux, je crois que ce sera vraiment (comme ces deux dernières années où il brillait dans les disciplines inférieures et où seuls les spécialistes se régalaient déjà) sa marque de fabrique, cette capacité à retarder ses freinages et à quand même passer !
Pas mal d'animateurs aussi dans cette course, en espérant que la FIA ne tombe pas dans le grotesque dans deux jours en sanctionnant plus que de raison McLaren. A mon avis, ils vont sanctionner l'équipe, mais ne peuvent pas se permettre de toucher aux pilotes, sinon gros scandale en vue...

Les étoiles de Monza :

*** : Alonso
** : Hamilton
* : Kubica, Rosberg, Button



Le classement après 13 GP :

Hamilton : 22
Alonso : 20
Massa : 15
Raikkonen : 11
Kovolainen : 9
Heidfeld : 8
Kubica : 7
Sato, Wurz, Rosberg : 5
Trulli : 4
Fisichella, Webber, Coulthard : 3
Vettel, Winkelhock, Button : 2
Speed, RSchumacher : 1

07 septembre, 2007

Précisions sur L'ultime Chimère

Le projet de L'ultime Chimère avance toujours - une grande réunion est d'ailleurs prévue chez Glénat le 24 septembre prochain pour en quelque sorte lancer l'opération à tous les niveaux. En attendant, je reçois des planches des uns et des autres, notamment de Brice Goepfert qui a déjà fini ses 29 planches qui ne figureront pourtant que dans le T2 ! Il n'est d'ailleurs pas le seul, parce que Griffo a déjà fini, lui, toutes ses planches des trois premiers tomes et qu'Héloret travaille activement à sa réalisation (19 planches) du T3. Aymond m'a également confirmé avoir déjà fait deux planches, qui seront elles dans le T2.

Voici d'ailleurs dans le détail la participation de chacun pour les 7 tomes prévus :

T1 - Griffo 43 planches, Héloret 3.
T2 - Goepfert 29, Griffo 10, Aymond 7
T3 - Héloret 19, Mangin 15, Griffo 12
T4 - Meddour 30, Griffo 16
T5 - Mangin 39, Griffo 7
T6 - Mangin 46
T7 - Griffo 46


Ci-dessous, un extrait de la planche 24 du T2, signé Goepfert...

Le retour d'Albert Jeanjean ?

Je déposais mes enfants à l'école ce matin quand soudain j'avisais une feuille scotchée sur un horodateur. Curieux, je m'en approchais et constatais qu'il s'agissait de prévenir les habitants du quartier du futur tournage d'un film à proximité. Et quel film ! Bancs Publics (Versailles Rive-Droite) ! Les plus connaisseurs et cinéphiles d'entre vous auront tout de suite identifié la chose comme étant le nouvel opus des frères Podalydès, Bruno et Denis. Soit les auteurs pour l'éternité des deux chefs-d'oeuvre que sont Versailles Rive-Gauche (un moyen métrage) et Dieu seul me voit (Versailles Chantiers), ce dernier étant devenu depuis mon film français préféré et que j'ai bien dû voir au moins une quinzaine de fois.

Voilà donc une excellente nouvelle, car il s'agit bien d'un retour aux sources qui sera, on l'espère, couronné de succès. Avouons en effet que le fait de quitter l'environnement versaillais n'avait pas été la meilleure idée des Podalydès, et ce ne sont pas leurs trois derniers films qui nous ont ébahis, même si Liberté-Oléron se tenait et qu'il y avait des trouvailles fabuleuses dans Le Mystère de la Chambre jaune et Le Parfum de la Dame en Noir, ce dernier souffrant hélas d'un gros problème de rythme.

Ne faisons pas la fine bouche, cette annonce est pour moi un événement, et j'ai hâte d'en savoir plus sur cette production qui nous permettra peut-être de retrouver le meilleur personnage du cinéma français de ces vingt dernières années, le lunaire et maladroit Albert Jeanjean (Denis Podalydès), tellement irrésistible dans Dieu seul me voit...

04 septembre, 2007

Par avion (4)


Australie, outback, 2005.

4 mois 3 semaines 2 jours * * * *



de christian mungiu avec anamaria marinca, laura vasiliu, vlad ivanov

Roumanie, 1987, otilia , étudiante, aide son amie gabita à avorter, clandestinement,
dans une chambre d'hotel, elle rentre en contact avec l'avorteur

la question s'étant souvent posée dans le passé, la réponse sera clair, ce film est
au niveau, largement, de ce qu'on doit attendre d'une Palme d"'Or. difficile
d"'écrire dessus et de faire comprendre pourquoi ****. à la fois rien d"original,
dans la forme et le sujet, mais un film qui restera, unique. parce qu'il ne
s'éparpille pas, va à l'essentiel de son sujet, et que la réalisation de ce cinéaste
roumain est totalement au service de l'histoire. une sobriété totale, des plans
séquences, aucun jugement (et vu le sujet, pas évident), pas de pathos, de
scénarisation, "le sort ne s'acharne pas" sur ces deux amies, gabita ne subit
d'attroces souffrances, il y a juste les faits, froids et comment elles le vivent,
surtout otilia. excellente idée de ne suivre vraiment qu'elle, celle qui assiste,
pas gaita, celle qui subit. tout comme de limiter le film à quelques heures d'une
journée, réussi, il n'en est que plus fort et mémorable. l'avorteur est un salaud,
mais un autre ne serait pas pire que lui, on sent tout l'individualisme de la
société dictatoriale où chacun se démerde. avec aussi cette relation forte entre les
deux amies, mais sans démonstration forcée, juste des faits. l'échappée forcée de
oitilia pour un diner d'anniversaire est un moment poignant, flippant. on pense
quand même beaucoup à kieslowski, facon Décalogue, une même froideur et rigueur, et
les mêmes couleurs et décors, verdatres, froid et boueux d'une ville de l'Est dans
les années 80... avec un sujet social qui rapproche de Loach ou des Dardennes Bros.
la scène du foetus sur le sol de la salle de bain vient finalement naturellement,
pas du tout spectaculaire, comme on pouvait le craindre, et est tout à fait
cohérente dans ce film. pas de jugement, donc, le film "ne fait pas réfléchir", ce
n'est pas le but, même si on n"évitera pas les discussions post visionnage sur
l'avortement et les conditions de vie sous Ceaucescu (un bon conseil, allez y
seul...). il est juste vrai. un film difficile, on ne va pas au cinéma que pour ça,
mais on est heureux qu'il existe. l'actrice marinca est aussi mémorable que le film.