23 février, 2009

1000 Feuilles

Alors que je suis en train d'écrire le prologue de mon roman graphique sur l'Australie, je m'aperçois que mention en est déjà faite dans un article publié sur le site actuabd.com
Tout ça pour dire que Bandaiyan (500 pages environ, N&B) sera bien dans la collection 1000 Feuilles, que vient de lancer Glénat avec l'excellent Blaise de Dimitri Planchon. Je vous en recommande vivement la lecture, il y a franchement des pages excellentes et très bien vues sur les rapports humains, notamment au niveau de l'hypocrisie entre adultes...

19 février, 2009

L'Etrange Histoire de Benjamin Button **


de david fincher avec brad pitt, cate blanchett, tilda swinton, julia ormond

De 1918 à nos jours, la vie de Benjamin, né bébé vieux de 80 ans et qui rajeunit de plus en plus à l'age adulte. abandonné, élévé dans une pension de la Nouvelle Orleans, marin... Et son amour toujours pour Daisy, la danseuse.

Gros film de l'année, la course en tête pour prix et récompenses, mais une certaine déception quand même. Toujours intéressant parce que l'histoire -nouvelle de Fitzgerald- est unique et que Fincher reste un excellent réalisateur, qui se donne les moyens de ses ambitions. Mais il amène parfois si haut au cours des 2h40 que les moments de moins bien apparaissent encore plus flagrants. Problème principal, ce film dégage peu d'émotion, à part sur la fin quand le rajeunissement s'accélère et que les destins de Benjamin et Daisy s'éloignent de plus en plus. Il y a des moments beaux, voire trés beaux, mais sans vraiment toucher. Film long, longuet même, mais qui couvre tellement d'épisodes qu'on a parfois l'impression de survoler certaines époques. Les meilleurs passages finalement sont ceux où le temps se suspend, où on ressent vraiment le destin de BB, cette course à l'envers contre le temps. Notamment dans des lieux clos, rassurants, comme la pension où il "grandit" ou l'hotel de Mourmansk et cette belle histoire avec Tilda Swinton, peut être le meilleur moment du film. Pour le reste, et pour résumer un peu facilement, on se sent soit dans "Gatsby" (et comme brad pitt succède à redford, la boucle est bouclée) quand le film s'élève soit dans "Forrest Gump", quand ca dégouline un peu de clichés, facon "années 60" résumées par la vie insouciante et les Beatles à la télé... On n'aime pas trop également ce récit en flash back avec une Blanchett à l'agonie et Ormond pleurnicharde, pénible de voir le maquillage et la voix d'outre tombe de la Cate. Brad Pitt plutôt bien, assez drôle de le voir rajeunir, avec les différents visages de sa carrière. Belle musique d'Alexandre Desplat qui accompagne les meilleurs moments. Un film important, avec beaucoup de souffle qui mais n'est pas totalement maitrisé et cetains "détails" agacent.

13 février, 2009

Morse ***


de tomas alfredson avec kare hedebrant, lina leandersson

Stockholm, début des années 80, oskar 12 ans, introverti, maltraité par d'autres élèves, rencontre Eli, même âge, sa voisine, qui vit avec son père. Ils se rapprochent, se lient. Mais elle vit difficilement, elle a besoin de sang humain, elle est une vampire

Plus besoin de le démontrer, les films de genre, notamment entre "fantastique" et "horreur" sont parmi les meilleurs, toutes cinématographies confondues de ces dernières années. Surtout quand il y a une histoire, une ambiance, qui, tout en suivant les codes, donne souvent bien plus d'humanité à ses personnages que des films plus "classiques". C'est le cas de ce "film de vampires" suèdois. Et on fera encore références aux mots "tristesse" et "mélancolie", apparent paradoxe (les vampires sont souvent tristounes et plus à plaindre qu'à craindre au cinéma), pour décrire ce qu'on ressent tout au long de ce film. Comme pour la merveille asiatique du genre "dark water" ou "the host". Les couleurs, froides avec quelques couleurs (une écharpe, la blondeur des cheveux, un Rubik's cube), la musique, superbe, jouent beaucoup dans cette atmosphère nordique de froid, de neige, de mélange de mal-être et d'une tendresse entre ces deux enfants, à part, rejetés et solitaires, qui se découvrent. Il y a des maladresses, des vraies lenteurs, qui rendent ce film plutôt brillant plus accessible finalement. Peut-être trop de spectaculaire, trop de références finalement à ce genre "vampires"' (scène de la fin, la femme à l'hopital). Tendance à se compliquer dans la dernière demi-heure. Mais tellement original, tellement à part, qu'on reste totalement pris dans cette ambiance pendant prés de 2 heures, qui ne cherche pas à rendre agréable cette jeune vampire, qui vit de violence sans pitié. Sa dernière rencontre avec son père à la fenêtre de l'hopital est une merveille d'horreur poétique...

09 février, 2009

News BD

C'est mercredi dernier, soit treize mois après le début de ma phase de documentation, que j'ai entamé l'écriture proprement dite de Bandaiyan, mon roman graphique centré sur la colonisation/découverte de l'Australie. A priori, les 500 pages (chiffre à affiner) seront divisées en trois livres et trente chapitres, avec aussi un prologue et un épilogue. "L'action" va des années 1783 à 1796, avec une exception pour le prologue et l'épilogue justement. J'ai commencé par le découpage du Chapitre 4 du Livre I, un chapitre consacré au futur Gouverneur de la colonie, Arthur Phillip, au moment où il passe quelques jours de vacances à l'été 1784. Philippe Nicloux a déjà affûté ses crayons, il est très impatient. J'en profite pour vous signaler qu'il sort ces jours-ci un magnifique livre aux Enfants Rouges : Otomi. Plus d'informations ici.
Coïncidence : trois jours après le début de mon immersion australienne, qui va m'occuper à plein pendant les deux-trois prochaines années, on apprenait donc qu'il y avait plus de cent morts (bilan encore provisoire hélas) suite à de gigantesques incendies dans le sud-est du pays, notamment dans l'Etat de Victoria. Nouvelles tragiques et images effrayantes de tous ces gens prisonniers des flammes... J'ai évidemment aussitôt écrit à mes amis australiens (qui vivent autour de Sydney et Melbourne) pour savoir s'ils allaient bien.

Sinon, le projet L'Idole & Le Fléau avance bien. Igor Kordey a déjà dessiné 31 planches sur 54, et l'on dispose déjà de pas mal de couleurs, dûes à Leonard O'Grady, qui est le coloriste habituel de Kordey, notamment sur Histoire Secrète...

13270

... tel est le nombre de visiteurs que ce modeste blog a reçu depuis que j'ai installé un compteur il y a très exactement un an. 13 270 visiteurs en 365 jours, cela fait donc une moyenne de 36 connections par jour ce qui me semble tout à fait étonnant et sympathique ! Merci à tous et on va évidemment essayer de garder le rythme.

08 février, 2009

Les Noces rebelles ***


de sam mendes avec kate winslet, leonardo di caprio, kathy bates, michael shannon

1955, près de New York, Frank et April Wheeler, jeune couple deux jeunes enfants, Frank dans un job de commercial sans ambition. April étouffe dans ce quotidien et propose à Frank de partir s'installer quelques mois à Paris, Frank accepte.

Peut-être la (trés bonne) surprise de ce début 2009. Un film qui semblait assez calibré, mélo dans les années 50, casting "titanic-esque", réservoir à Oscars. Et qui se révèle comme un grand film, surprenant tout en restant trés classique dans la forme et l'intrigue. Ce qui frappe le plus est l'absence de facilités pour attraper le grand public déja appaté par le casting. Un couple en crise, dés le départ, qui se dit les choses de plus en plus crûment, une histoire dure, sans concessions, sans effet mélodramatique, limite étouffant plus le film avance, pas sûr que les spectateurs de "love story du samedi soir" puissent s'attendre à cela. Rien que la toute dernière scène avec kathy bates et son mari... il n'y a pas de gras, pas de disgressions ou d'intrigues parallèles, les réactions de Frank et April et ceux qui les entourent sonnent vrai, que ce soit enthousiames, lâchetés, mensonges, désespoirs. Pas étonnant que Sam Mendes soit celui qui a fait "american beauty", on retrouve tous les faux semblants, les conventions américaines, et le vernis qui craque, les névroses diverses, familiales, sociales. Plutôt que de partir sur quelques a priori marketing, il vaut finalement mieux se référer à une filmo, et celle de Mendes, si on rajoute l'excellentissime (et mésestimé) "road to perdition" avec Hanks et Newman est proche de la perfection. Il est définitivement un grand réalisateur. Respectant certains codes des années 50 mais sans essayer de faire un exercice de style. Casting impeccable, les 2nds roles par exemple comme Michael Shannon en gars un peu nerveux et dérangé mais révélateur des mensonges du couple, et la dream team, Winslet presqu'évidente, un role "porteur" d'une grande interprétation mais encore faut il être au niveau, ce qu'elle fait (au hasard, on ne voit pas une Charlize Theron voire une Palthrow assurer quoi que ce soit dans ce rôle), mais aussi Di Caprio, pas évident car personnage qui se ment à lui même, qui subit, en retrait. Il commence à sérieusement monter en gammes, avec "mensonges d'état" ou "blood diamond". Bref, un film qui rassemble ce que sait faire de mieux une "grosse production US", avec casting et histoire impeccables, et réalisateur talentueux.

01 février, 2009

Charlie, Denis, Rafael, Vincent et Christian

Revenons sur mon week-end, si vous le voulez bien. Vendredi soir, je finis Je voudrais me suicider mais j'ai pas le temps, de Teulé et Cestac, la bio en BD consacrée à Charlie Schlingo (Dargaud). J'avoue que je connaissais le gars juste de nom, sans être véritablement au courant ni de son oeuvre ni de son parcours. Et j'avoue avoir été bouleversé par ce dernier, par ce mal-être qui s'exprimait d'une manière si énorme et si désespérée qu'il en devenait attachant. Ses attitudes m'ont rappelé celles de Tristan Corbière, un poète maudit que je vénère... Lisez donc ce livre profond et brutal, émouvant et repoussant, sombre et déconnant, un modèle de bande dessinée pour un artiste qui était tout sauf un modèle justement...

Samedi après-midi, courses en famille à Versailles, j'entre chez Gibert pour acheter L'Eternaute et Bunker T3, ce qui sera fait un quart d'heure plus tard. Sauf qu'entre temps, je tombe sur Denis Podalydès, qui est en train de dédicacer son dernier livre : Voix off (Mercure de France) ! Me voici donc enfin face à face avec Albert Jeanjean, l'immortel héros du meilleur film français de ces vingt dernières années : Dieu seul me voit (Versailles-Chantiers). Ceux qui lisent ce blog savent que je voue un véritable culte à ce film, qui vient d'ailleurs de ressortir en DVD en version dite "interminable" (6x52 minutes, avec des passages oubliés au montage final qui sont complétement sublimes et hilarants...) et que j'avais fait l'an dernier deux jours de figuration pour le nouveau film de Bruno Podalydès : Bancs Publics (Versailles Rive-Droite) (dont Denis me dit qu'il sortirait a priori en juin). Bref, je discute cinq minutes avec cet immense acteur qui me fait dans la foulée une dédicace sobre et sympa, et je repars avec le sentiment d'avoir bouclé une sorte de boucle, touché par ce petit signe du destin... Un moment rare.



Dimanche matin : réveil en fanfare. On sait déjà qu'on va vivre un grand moment de sport avec la finale Nadal-Federer de Melbourne. Inconcevable d'en rater la moindre minute ! Je m'installe sur le canapé, j'allume Canal + et là j'ai droit au message : chaîne en option. Et je ne vois rien ! On croit rêver, je suis abonné à Canal depuis 15 ans ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Et le pire, c'est que je reçois bien les autres déclinaisons de Canal (Family, Sport, Décalé...). Non, rien à faire, je n'aurai jamais Canal dans cette matinée qui allait être longue... Du coup, heureusement que j'ai installé un décodeur Freesat, je me rabats sur BBC2. Merci les Anglais et honte à Canal, dont je vais de toute façon me désabonner dans deux mois. Mais je m'égare, revenons sur ce match d'anthologie entre deux sportifs exceptionnels. Je suis de ceux qui regardaient fiévreusement il y a presque 30 ans les duels Borg-McEnroe, persuadés qu'on n'aurait jamais mieux. J'ai vu en direct le fameux tie-break du siècle de Wimbledon en 80, et je m'en souviendrai toute ma vie. Mais il faut savoir mesurer sa chance : Federer-Nadal, l'affiche est tout aussi légendaire et dans 30 ans on pourra se vanter face aux jeunes générations d'avoir vécu ça (comme l'opposition Prost-Senna en F1...). Pendant 4 sets, on a vécu un match fabuleux, souvent surréaliste par la qualité pratiquée et le pourcentage de points gagnants. Je précise que je suis depuis cinq ans abasourdi d'admiration devant le jeu de Federer mais que depuis deux ans je suis devenu un fan absolu de Nadal, à propos duquel seuls qui n'ont jamais touché une raquette ou mis les pieds sur un court peuvent penser qu'il ne fait que cogner. Ce type n'a peut-être pas la classe évidente du Suisse, qui est l'expression la plus pure du beau en tennis, mais il possède un charisme inoui, renforcé par une variété dans les coups qui en font un authentique génie de la virtuosité, et doté d'un mental qui laisse sans voix tant il exprime une vérité qui a rarement cours en sport (et surtout en tennis) : je ne veux pas perdre, donc je ne perds pas.
Leur finale de Wimbledon l'an dernier restera à tout jamais un des grands moments de sport du siècle. On a pu croire un moment que la finale de Melbourne allait dépasser le chef-d'oeuvre, et puis non. Federer a étonnamment craqué au 5e set, l'offrant presque à Nadal qui n'en demandait pas tant. Quelques part, je ne suis pas loin de penser que ce dernier a en fait gagné l'Australian Open il y a deux jours, en battant Fernando Verdasco en demi finale. Pour deux raisons : 1) parce que Verdasco était tellement énorme que le battre revenait à démontrer qu'on était de fait imbattable et 2) parce que, loin de fatiguer Nadal, cela l'a au contraire encore plus "fouetté" pour aller conquérir le titre. On peut aussi s'interroger sur la tactique employée par Federer, qui à mon avis devrait plus tenter le service volée. A la régulière au fond de court, en effet, ça semble devenir de plus en plus dur contre "Rafa". Mais le bonhomme est orgueilleux, j'ai l'impression qu'il veut absolument prouver qu'il peut battre l'Espagnol à la régulière, sans rien changer à son style, histoire de prouver que c'est possible. Sauf qu'on a l'impression qu'il n'y arrivera plus désormais (sauf à Wimbledon, où je vois bien Federer aller chercher son 14e titre en Grand Chelem dans six mois). Peut-être est-ce là l'explication de ses larmes au moment de recevoir sa coupe : une séquence étonnante, où le grand Roger faisait tout petit garçon, consolé qui plus est par un gamin... Oui, mais un gamin qui est le meilleur joueur du monde, et peut-être en passe de devenir le plus grand de tous les temps. Je n'ai pas dit le meilleur : Federer restera celui-là, quoi qu'il arrive.

Une fois remis de ces émotions tennistiques, branchement en direct sur le Festival BD d'Angoulême pour découvrir les heureux lauréats. Le meilleur album de l'année est donc le Pinocchio de Winshluss (Requins Marteaux), qui était effectivement encensé depuis de nombreuses semaines. Comme d'habitude, sur les différents forums, on s'étripe sur ce prix, vu que c'est effectivement une certaine tendance de la BD qui est récompensée (une nouvelle fois) (voir également un énième prix donné à Sfar). Moi, je ne doute pas que Pinocchio soit excellent, audacieux, original et intelligent. Je dis juste que c'est loin d'être un prix qui couronne l'oeuvre d'un inconnu qui va enfin avoir la reconnaissance qu'il mérite etc... Au contraire, c'est à mon avis le lauréat le plus consensuel qui était possible, un mec qui est déjà une vraie star, co-auteur du film Persepolis (sous son vrai nom Vincent Parronaud) et déjà titulaire d'un César et d'une nomination aux Oscars ! Dans le genre underground, on a fait pire !
Sinon, pour finir, le Grand Prix est donc Blutch (Christian de son vrai prénom). Tous ses pairs disent que c'est peut-être le plus grand dessinateur français actuel. Bravo à lui, je vois que nous sommes nés la même année, je le félicite chaleureusement et espère avoir un jour l'occasion d'échanger quelques mots avec lui.