25 avril, 2008

Shine A Light * * *


documentaire de martin scorcese

Les Rolling Stones, en concert au Beacon Theater de NYC, 2006, filmé par Scorcese

Avouons que malgré l'anticipation de 2 h de bonne zique, on craint de s'emmerder, vu que passé quelques minutes, un concert filmé est souvent ennuyeux et répétitif. Et on se dit que les Stones, à 60 balais bien passés, ce n'est quand même plus ceux des 60's. Eh bien non, bonne surprise. Vraiment bonne surprise. Déja, laisser au vestiaire la grande époque, ce "shine a light" ne peut pas se comparer à "gimme shelter" de 1969, film concert où l''histoire se passe, où une génération bascule et les Stones avec (bon certes, pour ce qui est du public, entre les Hells Angels qui brandissent des flingues et les yuppies new yorkais qui tendent leur portable... l'écart est grand). Oui il sont assagis, ils ne font pas les rebelles, ils parlent comme des vieux british qu'ils sont. Mais ça reste quand même 4 gars - ceux qui restent...- qui sont au sommet de notoriété depuis 40 ans, qui ont traversé toutes ces époques, c'est quand meme fascinant de les voir simplement jouer de la musique dans cette belle salle, humaine (avec quelques images d'archives, plutot marrantes et décalées). Et même s'il dispose de gros moyens, on sent qu'il y a un Scorcese derrière tout ça, on est dans le haut de gamme du plan et du contre plan, les regards, les mouvements, les lumières, d'ailleurs une tonalité de l"'image qui est bien plus proche des 60's que de MTV... tant mieux. Pour le reste, les Stones envoient du bois, on peut se moquer des papys, mais ils tiennent la forme, c'est foncièrement rock - pas au sens "johnny" du terme... - avec leurs racines, blues (grand moment avec Buddy Guy), country, des morceaux pas parmi les plus connus, et des frissons quand on entend les premières mesures de "sympathy for the devil". Jagger à la limite du ridicule, comme toujours, mais quelle présence quand même, sans se singer, il a toujours été comme cela, pile électrique à 20 ans, consensuel à souhait, entertainer, il l'est toujours, c'est de la remise en forme, certes, mais quelle énergie. Quand on pense qu'une carla B passe de son lit à celui d'un gnome en talonnettes... Richards qui sourit en permanence, goguenard, décalé, le négatif de Jagger mais aussi heureux d'etre là, ça se sent, avec Ron Wood. Et Charlie Watts qui fait la grimace sans la ramener... il manquerait peut etre une des chansons "plus mieux", "out of time" et "gimme shelter" pour que le plaisir soit total.

21 avril, 2008

Spirou new age... et Blake & Mortimer vintage


Je le dis franchement : je n'ai jamais accroché à Spirou. Bien sûr, je suis le premier à considérer Le Nid des Marsupilamis comme un authentique chef-d'oeuvre (disons : un chef-d'oeuvre de Franquin, plus que de Spirou finalement) et j'ai un faible pour Le Repaire de la Murène, voire Les Pirates du Silence. Mais de là à avoir tous les albums et à les collectionner, non. Est-ce parce que j'étais plutôt Tintin étant enfant, que j'ai ensuite été abonné au magazine Tintin puis à Pilote (c'est-à-dire un pan plus franco que belge, plus Dargaud que Dupuis) ? Toujours est-il que je n'ai pas l'âme Spirou et que les récentes sorties me laissent finalement assez froid (surtout celles de la série régulière).

Je n'ai pas encore lu (et je ne sais même pas si je le lirai) Le Journal d'un Ingénu, qui vient de paraître par Emile Bravo. Je fais néanmoins confiance à cet excellent auteur pour avoir effectivement réalisé un album qui marquera. Ce que je retiens avant tout, c'est la liberté dont il a disposé pour faire "son" Spirou ! Et encore n'était-il pas le premier, puisque trois albums étaient déjà précédemment parus dans la collection "Une aventure de Spirou et Fantasio par..." - Ce que je veux dire, c'est que Dupuis a osé ce que les Américains font déjà depuis des décennies : confier une série prestigieuse à des auteurs différents qui apportent leur vision. Et là où c'est encore mieux, c'est que les petites touches apportées à l'édifice restent ensuite : chacun écrit un bout de la mythologie générale. C'est exactement pareil avec le Spirou de Bravo : désormais, tous les auteurs devront se conformer à sa vision de la jeunesse de ce personnage ! (Au passage, tout est réussi dans ce dernier projet, même la couverture, qui sort de l'ordinaire et qui place d'emblée l'album à part : exactement ce qu'il fallait.)

Voilà quelque chose que je rêve de voir adopté pour Blake & Mortimer. Ah si seulement on pouvait sortir des carcans obligés et balisés, des conventions et des imitations ! Sente-Juillard d'un côté, Van Hamme-Benoit-Sterne de l'autre : ils font du très bon travail, mais c'est quand même un travail d'hommage et de reproduction. Il y aurait quand même de la place pour des échappées un peu plus originales voire belles, non ? Et je ne vois pas en quoi cela trahirait l'héritage de Jacobs : au contraire, cela ne ferait qu'amplifier son propos original, cela lui permettrait de vraiment se renouveler et d'ouvrir des pistes encore plus riches...

Il va de soi que si messieurs les décideurs éditoriaux décidaient de suivre ce chemin nouveau, je serais évidemment candidat. Je jure sur la tête de mes enfants que j'ai une excellente histoire en réserve qui serait centrée sur Olrik, lequel mérite bien un album rien que pour lui...

Sinon, dans les dernières lectures BD :
Tanatos T1 & 2 (Convard-Delitte, Glénat) - du bon feuilleton, excellemment rythmé, dense et parfaitement vraisemblable dans l'invraisemblable ! On aime aussi toutes les allusions à nos amis de Glénat dans les décors (affiches, pubs, réclames...) !

Construire un feu (Chabouté, Vents d'Ouest) - j'ai adoré. Superbe dessin et histoire beaucoup plus poignante que je ne le croyais.

L'Espace d'un soir (Luciani-Colonel Moutarde, Delcourt) - j'ai fait la connaissance de Brigitte Luciani récemment et je dois dire que son travail de découpage est ici brillantissime.

L'Histoire secrète T1 (Pécau-Kordey, Delcourt) - le concept marche très fort, les couvertures sont superbes. Et puis je voulais voir d'un peu plus près le travail de Kordey, qui va me concerner très prochainement...

15 avril, 2008

Lady Jane * *


de robert guediguian, avec ariane ascaride, jean pierre darrroussin, gerard meylan

Marseille. Le fils de muriel est enlevé , elle doit verser une rançon , elle reprend contact avec deux amis , 15 ans après leur dernier braquage.

C'est du Guédiguian donc ça reste bien sûr du cinéma de qualité et exigeant. Mais il faut admettre que l'expérience polar n'est pas très concluante. Ceci dit, l'excellentissime "La Ville est tranquille" il y a quelques années était déjà un film noir, donc ce n'est pas un coup d'essai, et à ne pas juger définitivement. Mais ici, il n'est pas très à l'aise avec une histoire pas toujours crédible, cf les explications de la fin et les retours au passé. Surtout, il ne parvient pas à trouver le bon équilibre entre l'intrigue elle même et les relations entre les personnages, surtout ces trois là , il y a pourtant de quoi faire avec les attirances , la loyauté , la trahison. On à trop l'impression de survoler ce coeur du film, sentant le potentiel d'une belle histoire qui ne vient que par moments. Ce que sait faire Lucas Belvaux, autre cinéaste exigeant, pas chiant et éclectique, dans "Cavale " ou "La Raison du plus faible", ce mélange entre film noir et ancrage psychologique et social. A vouloir rester trop proche d'un scénario de genre jusqu'à forcer le trait, Guédiguian passe un peu à côté. Reste beaucoup d'atouts dont ces trois acteurs incomparables. Darroussin en tête .

08 avril, 2008

Pilote(s)

Les amis, voilà t'y pas que j'étais hier soir à la soirée de lancement du nouveau numéro de Pilote, spécial Mai 68... Excellent moment où j'ai pu retrouver quelques précieux amis dessinateurs (Leo, Guarnido, Krassinsky, Siro...), faire la connaissance de quelques autres (Bonhomme, Vedrines...), discuter avec les collègues scénaristes (Nury, Dorison, Marazano...) et croiser les glorieux anciens que nous respectons tous (Gotlib, Giraud, Mézières, Christin, Juillard, Fred...) avant d'évidemment de partir avec un exemplaire dudit Pilote n° spécial que j'ai tout juste pu feuilleter (même si j'ai lu l'histoire de Ferri qui est hilarante).
Bref, tout ça pour vous dire que la nouvelle de la soirée a été le fait que Speedway T1 est terminé ! Notre ami Siro passait aujourd'hui déposer les 46 planches chez Dargaud !
Conséquence : je ne vais pas tarder à me remettre au découpage du T2 et j'espère que vous n'attendrez pas encore de nombreuses années avant de découvrir cet album...
Je vous tiens au courant...

07 avril, 2008

F1 : GP de Bahrein - Massa to the fore

Une fois de plus, tout ou presque s'est joué au départ - ah si seulement Kubica, dans la lancée de sa superbe pole, avait pu virer en tête au premier virage ! Ca n'aurait sans doute pas empêché la victoire de Massa, constamment aux avants-postes depuis le début du week-end, mais cela aurait un peu pimenté la course... Bonne nouvelle en tout cas de voir BMW titiller de plus en plus les deux grandes équipes que sont Ferrari et McLaren.
Pour le championnat tout se resserre, et ce n'est pas plus mal. Hamilton s'est planté par deux fois : à mon avis, cela ne se reproduira pas de sitôt. Beau GP de Fisichella, qui se met en évidence sans pression, suffisamment rare pour être signalé !
Quant à Sébastien (Bourdais), même si la place finale est un peu décevante (15e), c'est le fait d'avoir été un peu "le patron" dans son équipe durant les trois jours qui est à retenir. Seb prend ses marques, et face à Vettel, ça compte !

Les étoiles de Sakhir :
*** : Massa
** : Kubica
* : Kovolainen, Trulli, Webber, Fisichella

Le classement après 3 GP :
Hamilton, Kubica, Kovolainen : 4
Bourdais, Raikkonen, Trulli, Massa : 3
Heidfeld, Rosberg, Alonso, Nakajima, Webber : 2
Fisichella : 1

04 avril, 2008

Salon Livre & Mer


Petite pub méritée, au passage, au prochain Salon Livre & Mer de Concarneau, dont le vice-président n'est autre que notre ami Brieg F. Haslé (notez bien le F au milieu, tout comme il y a aussi un Laurent F. Bollée...), grand critique BD, à la prose impeccable et au jugement sûr, collaborateur à l'excellente revue dBD et par ailleurs ami et intervenant régulier sur ce blog.
Je suis persuadé qu'une nouvelle fois ce rendez-vous des livres et de la mer sera une réussite. Rendez-vous fixé les 10, 11, 12 et 13 avril prochain. Plus de renseignements ici.

01 avril, 2008

A bord du Darjeeling Limited * *


de wes anderson avec owen wilson, adrien brody, jason schwartzman

Trois frères qui ne s'entendent pas très bien, se retrouvent pour un voyage en Inde, dans le train Darjeeling, après la mort de leur père, et pour revoir leur mère, devenue religieuse, dans un monastère.

Ahhhh, c'est agacant et quasiment rageant ! Anderson est un réalisateur doué, talentueux, original, brillant, mais il n'arrive toujours pas à faire ce film qu'on attend de lui, cette réussite qui va vraiment nous emporter. Certes, c'est moins pénible que l'exercice de style sans rythme qu'était "la vie aquatique". Mais alors qu'on attend des moments d'euphorie, avec un sujet pareil, l'Inde, un train, un scénario qui promet des moments d'abandon, de chaleur humaine, d'émotion, de rires, ça reste beaucoup trop souvent froid, distant... malin, intelligent, comme ses potes Jonze et Gondry, mais seule à ce jour, dans la bande, Sofia Coppola a réussi à vraiment lâcher le frein et le scénario ultra travaillé sur Mac pour laisser passer quelque chose d'autre. Et pourtant il y a beaucoup à prendre dans ce film, des moments de grâce, la beauté de la lumière indienne, les "sur couleurs" des décors, des habits. Et curieusement ces moments sans dialogues, sur des chansons, les Kinks avec "This Time Tomorrow", grande grande chanson, superbe et courte scène de l'arrivée de Brody (plutot pas mal là-dedans... soyons sports, les mecs !), puis sur "Strangers" aux funérailles de l'indien et "Play With Fire" des Stones au monastère. Et même l'ami "Joe" qui clôt une belle dernière pirouette, ça finit très bien, c'est un peu trompeur car on s'est plutot senti frustré auparavant. Surtout dans le train, où le film ne trouve pas son rythme. Aussi dû à la facon de monter le film, lent, toujours un peu dans l'ironie et l'absurde, ca n'aide pas à se sentir plus de chaleur...