21 janvier, 2010

Jacques Martin


L'an dernier, le Jacques Martin "audiovisuel" nous quittait et j'ai déjà dit sur ce blog à quel point j'avais le sentiment que c'était l'un des plus grands humoristes de son temps qui avait disparu.
Aujourd'hui, c'est le Jacques Martin "de la BD" qui s'en va et là encore, c'est un géant qui tire sa révérence. On ajoutera qu'à quelque jours de l'ouverture d'Angoulême, entre les disparitions de Tibet, le sympathique dessinateur de Ric Hochet (toute mon enfance dans le journal Tintin !), et celle donc de Jacques Martin, le temps est au lugubre dans la BD.

Jacques Martin... Je me souviens encore avoir acheté (je n'avais pas plus de dix ans) Le Dernier Spartiate (7e aventure d'Alix), en album, pour le modique prix de 14 francs à l'époque... A la lecture, ce fut un choc dont je ne me suis jamais remis. Il reste encore pour moi une des dix plus grandes BD de tous les temps. De l'aventure, une errance individuelle, un sens du tragique et de la grandeur rarement vu dans le 9e art, oui Le Dernier Spartiate est immortel.

En ce qui concerne Alix, série emblématique supérieure à Blake et Mortimer (exceptés Le Mystère de la Grande Pyramide et La Marque jaune), je distingue quatre périodes ; la première va d'Alix l'intrépide (n°1) à La Tiare d'Oribal (n°4). Des récits longs, détaillés, déjà envoûtants, mais où on sent bien que le héros est encore en construction... La deuxième va des Légions perdues (n°6) au Prince du Nil (n°11). C'est l'âge d'or, une succession de chefs-d'oeuvre, avec une mention spéciale pour la suite absolument ébourrifante Le Dernier Spartiate-Le Tombeau étrusque-Le Dieu sauvage.
Ensuite, je regrouperais les trois albums suivants : Le Spectre de Carthage-Le Fils de Spartacus-Les Proies du Volcan. La série est encore au top, mais l'émotion retombe un peu et on sent confusément que le meilleur est passé. La quatrième période commence avec L'Enfant grec (n°15) et c'est vrai que même si on continuait à lire Alix, on voyait bien que les récits devenaient plus lents et statiques, plus ampoulés et laborieux.
Mais qu'importe, Alix fait partie de ces très rares oeuvres qui démontrent le pouvoir absolu de la BD : imprimer à son cerveau, et donc à son coeur, des images et des récits qui ne vous quitteront plus jamais. Plus encore que le cinéma !

Quant à Lefranc, c'est une autre série immanquable qui nous a offert des heures de lecture enchantée. Les cinq premiers albums sont fabuleux et Le Repaire du Loup est un classique qui devrait figurer dans toutes les bibliothèques.

Alors oui, Jacques Martin a eu un parcours étonnant mais riche, long et parfois fastidieux, parfois controversé, mais combien de créateurs peuvent se targuer d'un tel CV, d'un tel niveau de publication sur cinquante ans de carrière ? Peu, très peu...

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