15 juillet, 2008

Dernières lectures BD


Genetiks T1 - Marazano & Ponzio, Futuropolis * *
On n'arrête plus Richard Marazano, clairement en voie de "Morvanisation", mais qui continue de proposer des séries qui ont de la gueule. Ici, on est chez Futuropolis, mais cela aurait pu à mon avis se retrouver chez Delcourt ou Dargaud. On est en effet assez proche du Complexe du Chimpanzé au niveau décors et ambiance générale. Curieusement, j'ai largement préféré Le Complexe... à Genetiks, principalement à cause d'une question de rythme. Je suis pourtant féru de pagination large pour que les personnages puissent vivre et évoluer. Mais là, sur cent pages (pourtant, quel luxe !), on a un peu l'impression que le fameux Thomas Hale tourne en rond sur lui-même et que ça n'avance pas beaucoup... Finalement, avec Le Complexe..., on allait un peu plus vite et un peu mieux à l'essentiel, même s'il nous reste un dernier tome à découvrir qui, on l'espère tous, ne nous décevra pas. Bref, un petit manque de rythme dans un album qui conserve toutefois un contexte scientifique passionnant et une grande ambition qui en font un vrai produit haut de gamme.


Le Marquis d'Anaon T5, La Chambre de Kheops - Vehlmann & Bonhomme, Dargaud * * *
En quatre albums, cette série est devenue une référence : par la subtilité du scénario et par la puissance de son trait. Un aspect classique, mais une profondeur dans les méandres humains assez peu égalée dans la BD actuelle. A ce titre, on le sait, j'avais élu le T4, La Bête, comme mon "Meilleur album 2007", un choix que je ne regrette pas bien au contraire. Cet album était en effet un modèle de rythme et de dramatisation, le plus souvent intérieure. On était donc impatient de retrouver notre bon marquis, sondant toujours les âmes en peine. Pour dire vite, admettons qu'il était dur de rester au niveau de La Bête... Cela reste un excellent album, mais il nous faut maintenant le juger à l'aune de ce que l'on a déjà lu dans la série. Et là, il y a deux ou trois petites choses qui nous chagrinent un peu quand même : le fait que le marquis hérite d'un mystérieux personnage (pourquoi ?), qu'il subisse les événements et nous énerve parfois (une descente bien naïve dans les bas-fonds du Caire) et qu'il trouve un peu le "secret" de la pyramide bien facilement... En fait, je trouve l'idée trouvée très intéressante et même fascinante, mais cela aurait mérité à mon avis beaucoup plus de développements afin d'accentuer le mystère... Voilà, je chipote peut-être et nul doute que si Fabien Vehlmann passait par ce blog il nous convaincrait sans problème de ses choix scénaristiques, mais on vibre moins à cette histoire que les précédentes (à partir du T2). Quant au trait de Matthieu Bonhomme, il reste magistral mais je trouve qu'il a moins d'espace pour s'exprimer pleinement.


Garrigue T1 - Corbeyran & Berlion, Dargaud * * *
J'aime beaucoup Eric Corbeyran, dont j'apprécie la diversité et la qualité malgré une énorme production qu'on a parfois du mal suivre... Ca m'amuse toujours de penser qu'on a dû publier nos premiers albums à peu près en même temps et que si j'en suis aujourd'hui à 20 albums parus, il doit en être à plus de 150 ! Avec Olivier Berlion, il avait déjà commis un excellent Lie-de-Vin, un album sensible et fort multi-récompensé à juste titre. Ensuite, on les avait retrouvés avec un Rosangella que curieusement, je ne suis jamais arrivé à finir, mais dont je ne doute pas qu'il ait plu à beaucoup de lecteurs. Ici, on retrouve une ambiance lente et moite, mais j'ai plus accroché à ces hommes dans leur cinquantaine et confrontés à des doutes ou des remords, ou des tentations violentes... L'atmosphère est là et c'est déjà beaucoup.


Le Goût du Chlore - Vivès, Kstr * * * *
C'est vraiment l'achat coup de coeur pour cet album dont l'auteur m'était parfaitement inconnu. Je me suis laissé tenter par un cadre général très original (les piscines, moi qui déteste ça et qui sais à peine nager !) et des dessins qui me semblaient plus audacieux qu'il n'y paraissait. Eh bien, je ne me suis pas trompé : même si je trouve que le récit a un petit coup de mou dans son approche de la conclusion, cela reste très humain et très attachant, et on se prend à presque humer en effet le goût du chlore... J'aurais peut-être souhaité un épisode un peu plus cruel ou dur à un moment (sans trop savoir lequel) mais on ne rechignera pas à un album qui sort du lot (de l'eau ?)et qui nous offre des dessins de corps dans les ondes ou les sillages aquatiques absolument splendides (voir la couverture et la position du garçon - génial, non ?) et aussi parfaitement colorisés, à coup de grandes plaques vertes et turquoises obsédantes. Une réussite et un jeune auteur, Bastien Vivès, à suivre.

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