05 juin, 2008

Souvenirs de la Bourse Jean d'Arcy

Aujourd'hui était remise à France 2 la 25e Bourse Jean d'Arcy, qui je vous l'apprend peut-être, avait été nommé directeur des programmes de la télévision française en 1952... autant dire un des fondateurs de ce media en France, et une bourse célébrant son souvenir a été créée en 1983 afin de distinguer un jeune journaliste issu d'une des écoles de journalisme officiellement reconnues par la profession.

En 1990, je terminais mes études au CELSA, section journalisme. Chaque établissement sélectionnait deux élèves pour participer à la Bourse, véritable "championnat de France des élèves journalistes, catégorie télévision". Autant dire que ça ne rigolait pas : le CELSA avait obtenu le prix l'année précédente grâce à l'excellente Véronique Gaglione, et il y avait une réputation à défendre... Bref, j'apprends au mois de mai 90 que je suis sélectionné par le CELSA pour concourir à la Bourse, en compagnie de mon collègue Alban Mickozy (devenu depuis rédacteur en chef à France 2).

Nous voici un beau matin à l'INA, à Brie-sur-Marne, en compagnie des 14 autres candidats venus de toute la France. 1ère épreuve : avec un lot de dépêches fournies, il faut écrire un journal télé de cinq minutes, qu'il faut aussi, bien sûr, présenter face caméra. Rappelons que même si beaucoup savent très bien faire ça sur LCI ou I-Télé, ce n'est pas un exercice facile lorsqu'on le fait la première fois à 23 ans dans un cadre officiel et professionnel, avec caméras, lumières, réalisateur, script et tout la grande organisation d'un journal télé. Car tel était bien le cas et on savait qu'après cette épreuve, seuls les trois premiers seraient retenus pour la deuxième et dernière manche de la partie... En fait, ce qui convenait avant tout, c'était de gérer son stress et montrer qu'on n'avait pas trop peur.

Mon tour est donc arrivé et je me suis lancé. C'était un exercice dans lequel, je le savais, j'étais plutôt à l'aise, même si le coeur battait fort. Tout se déroulait bien, quand, au bout de trois minutes environ, une voix retentit soudain dans le studio : "désolé, il y a un problème technique. Il faut recommencer depuis le début !". J'ai tout de suite su que c'était bon signe. Il n'y avait aucune raison que le problème se soit déclenché aussi tard ou qu'on ait attendu aussi longtemps pour me le dire... Non, cela ne pouvait que signifier qu'on me faisait passer un petit test supplémentaire pour voir si j'allais être déstabilisé. J'ai répondu poliment que j'étais prêt à recommencer et je l'ai fait, et tout s'est bien passé.

Nous étions alors trois finalistes. Je me souviens très bien du nom des autres : Nicolas Winkler et Isabelle Pham. L'exercice consistait à faire un reportage de trois minutes (tournage sur le terrain avec cadreur et preneur de son, montage, écriture et mixage de la voix) sur un sujet donné au dernier moment. Nous avons été convoqués un samedi matin. Sujet : la sécurité à la Gare du Nord. Pas facile... Ensuite, tirage au sort de l'ordre des tournages (une demi-journée chacun). J'étais en deuxième position (l'idéal), pour tourner le dimanche matin.

Je me suis bien sûr précipité Gare du Nord, et j'y ai passé tout mon samedi après-midi. Il était évident que figurerait dans le sujet un certain nombre d'interviews de passagers des trains de banlieue - par définition, ces interviews ne seraient réalisables que sur le moment. J'ai réussi à trouver un chef de train qui s'était fait récemment agresser et qui a accepté de témoigner le lendemain face caméra. C'était déjà ça... Je me demande si je n'ai pas réussi aussi à caler un rendez-vous avec un représentant de la police.

Je n'ai donc pas débarqué dans l'inconnu le dimanche matin. Mais bon... cela restait de toute façon une opération stressante. La matinée est vite passée, nous avions nos images et interviews en boîte et il était évident que le caméraman et preneur de son allaient avoir leur avis quant à la façon dont s'était passé le tournage. A ce niveau-là, il n'y avait eu aucun souci humain.

Je ne me souviens plus quand le montage s'est effectué, toujours est-il qu'il restait une dernière épreuve : l'entretien devant le jury. Ce dernier était co-présidé par deux hommes très connus à l'époque à Antenne 2 : Georges Bortoli (grand éditorialiste spécialié en politique étrangère, on le voyait en plateau à tous les grands sommets, le prototype du "grand journaliste") et Patrick Lecocq (qui possédait une voix extraordinaire et qui avait présenté les journaux dans les années 70 et 80 ; il continuait d'ailleurs à commenter chaque année le défilé du 14 juillet...). Il y avait bien une dizaine d'autres personnes autour de la table et je n'en menais pas large en entrant. Surtout que la première question que me pose Bortoli est : "ne croyez-vous pas qu'il y avait un tunnel dans le sujet entre votre première interview et la suivante ?". Je n'avais jamais entendu auparavant l'expression "tunnel" ! Je ne savais pas que cela voulait dire un long passage, plutôt ennuyeux, entre deux séquences... Me voilà donc en train de bafouiller un truc du genre : "oui, sans doute, si vous le dites...". Ma défense a vraiment dû être faible et j'ai dû paraître un peu mou dans mes convictions... je n'avais pas osé avouer mon ignorance ! J'aurais carrément dû dire : "excusez-moi, vous allez rire, mais c'est quoi un tunnel ?" - et ça aurait peut-être détendu l'atmosphère...

Une fois les entretiens terminés, nous nous sommes retrouvés, nous les trois finalistes, dans une salle adjacente, et nous savions que le jury délibérait pour désigner le vainqueur. Je me souviendrai toujours de la scène cocasse qui a suivi : Patrick Lecocq sort et se précipite aussitôt vers Nicolas Winkler. J'ai évidemment pensé, tellement c'était évident, que c'était lui le lauréat. "Monsieur Winkler, vous êtes troisième !" Et sans attendre la réaction de ce dernier, il se tourne vers moi et me dit : "Monsieur Bollée, vous avez gagné." Je ne sais toujours pas pourquoi il a agit comme ça, en douchant mon camarade d'abord et en me rassurant ensuite, mais bon, c'était fait !

Nous sommes alors allés dare-dare à la Maison de la Radio, et mon prix m'a été officiellement remis par Georges Fillioud, président de l'INA, et par le président d'Antenne 2 (Philippe Guillaume, je crois). Mes parents ont toujours chez eux la photo souvenir de l'événement !

Voilà, un petit souvenir en passant - j'ai gagné un stage de deux mois à Antenne 2 avec cette Bourse, les images de la remise du Prix sont passées brièvement dans les journaux de 13h et 20h du jour et ma carrière à la télé pouvait commencer...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

et ben, quelle tension ! à quand un livre de souvenirs !!!

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Anonyme a dit…

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