08 décembre, 2008

Gérard Lauzier


On ne peut qu'être touché par l'annonce de la disparition d'un géant de la BD : Gérard Lauzier. Dans les années 70, quand j'ai vraiment commencé à me passionner pour ce médium, j'attendais fébrilement la parution du nouveau catalogue Dargaud que je ne me lassais pas de feuilleter en rêvant qu'une bonne fée vienne m'en offrir le contenu en intégralité... Mais je dois avouer qu'il y avait un auteur dont le graphisme m'effrayait un peu, et c'était Lauzier, avec ses Tranches de Vie. J'étais évidemment trop jeune pour apprécier le contenu de ces chroniques socio-érotico-économico-adultes, et je préférais rester dans l'imaginaire du Vagabond des Limbes ou l'humour de Gotlib, plus accessibles.
Mais abonné à Pilote, j'ai vu débarquer quelques années plus tard Souvenirs d'un Jeune Homme et là ça a été le choc. J'avais quinze ans, et Lauzier y racontait le mal-être d'un post-ado plus que d'un jeune homme à mon avis, sans oublier d'égratigner bien sûr tous ceux qui gravitaient autour de lui... Je m'y suis forcément un peu retrouvé et j'ai surtout bien ri !
C'est donc là que j'ai découvert le formidable sens du dialogue de Lauzier, et son coup de crayon, qui me semblait approximatif et brouillon quand j'étais plus jeune, m'apparaissait soudaint dans toute son efficace richesse. A-t-on fait mieux en France au niveau des chroniques sociales en BD ? Je me le demande. Rien de plus évident ne vient à l'esprit en tout cas...
Il est clair que La Course du Rat et La Tête dans le Sac sont deux chefs-d'oeuvre absolus, plus réussis que les films qui en ont été tirés, qui avaient hélas le défaut de reproduire à l'identique les cases. J'ai aussi succombé au charme de Portrait de l'Artiste, la suite de Souvenirs d'un Jeune Homme. Et comme toujours, derrière la façade de la dérision et de la satire, perçait une certaine gravité et même une tristesse sous-jacente... Tout cela formait une Oeuvre d'Auteur. Respect et admiration.

Aucun commentaire: