20 juillet, 2009

Tom Watson


J'ai passé près de sept heures devant ma télé hier dimanche à suivre la dernière journée du British Open de golf, où on a assisté à un moment de sport absolument exceptionnel.
Souvenez-vous : il y a un an tout juste, j'avais posté un article suite à cette même épreuve qui avait presque vu la victoire du revenant australien Greg Norman (53 ans). J'avais écrit : "imaginez Jimmy Connors finaliste à Wimbledon ou Alain Prost vainqueur du dernier GP..." - eh bien ce qui était vrai en 2008 l'a été encore plus en 2009 !
Cette fois, le héros s'appelle Tom Watson. Américain, âgé de 59 ans et dix mois, à quelques semaines seulement de la limite d'âge pour participer au British Open (60 ans). Watson n'a peut-être plus l'aura d'un Nicklaus, d'un Ballesteros et même d'un Norman, mais il a été une star incroyable du golf, remportant pas moins de huit majeurs entre 75 et 83. Dont ce fameux Open britannique à cinq reprises, notamment en 77 sur le parcours de Turnberry (Ecosse), où se jouait précisément l'édition 2009...
Sachez donc qu'après 4 jours de compétition, 71 trous et deux coups, Watson était toujours en tête... (Précisons au passage que Tiger Woods lui-même n'avait pas passé le cut). Il ne lui restait plus qu'à assurer le par sur le dernier trou, un par 4, une formalité. La victoire, 32 ans après, lui tendait les bras... 32 ans après, vous vous rendez compte ? Et là, incroyable, alors qu'il avait une dizaine de mètres à faire au putter, il trouve le moyen de faire un mauvais coup qui le renvoie à deux mètres du drapeau, puis un autre très mauvais putt trop court... Moralité : il fait bogey, et il termine ex aequo avec son compatriote Stewart Cink qui n'en demandait pas tant.
Déjà, nous avions là toute l'histoire du golf, avec la difficulté de concentration et la cruauté de ce sport résumées en deux petits coups seulement, via un homme qui a possédé tous les honneurs et qui n'a plus besoin de ça pour vivre ou s'endormir le soir...
C'est alors qu'on a assisté à un deuxième phénomène, totalement inattendu : instantanément, à partir du moment où Waston a été obligé de repartir sur le parcours pour quatre trous de play off, il s'est métamorphosé. Le jeune vieil homme espiègle qu'il était devenu depuis quatre jours et qui mystifiait tous les petits jeunes avec un sourire charmeur est devenu soudain un vieil homme triste et misérable, au visage de cire et glacial, traînant la patte et ratant pratiquement tous ses coups, au point de se faire totalement humilier sur les deux derniers trous. Une agonie, pathétique et pénible. On n'en revenait pas : comment pouvait-on passer d'un triomphe historique qui était pratiquement acquis à une déchéance aussi soudaine ?
Seule explication : Waston n'avait littéralement plus la force de faire quatre trous supplémentaires. Comme si son cerveau -et par conséquent son corps- avait décidé qu'il gagnerait au bout de 72 trous ou rien. Rarement on avait vu démontré aussi nettement ce que peut représenter le pouvoir mental du sport. C'était palpable. Et on est ressorti de cette retransmission bouleversé, mais ne sachant pas trop pourquoi... Avait-on failli voir le pire coup porté au golf depuis un siècle ? Avait-on au contraire failli assister à la plus belle histoire de sport ? Avait-on eu raison de continuer à voir pratiquement un homme mourir sportivement en direct ?... Terrible.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

belle histoire
1979.2009, imaginer Borg gagner Wimbledon, meme si c"est un peu absurde

laurent b