13 novembre, 2007

A propos de XIII



C'est donc aujourd'hui que sortent coup sur coup les deux derniers (?) albums de la grande série XIII - une incontestable réussite de la BD franco-belge. Cela donne forcément matière à réflexion.
XIII, j'ai découvert cette série alors que déjà quatre albums étaient parus. Et pourtant, à l'époque, il y avait moins de titres qui sortaient : l'on voyait donc bien mieux les nouveautés car les mises en place des séries étaient plus avantageuses que maintenant. Malgré tout, disais-je, je n'ai repéré cette série qu'au 4e album ! Cet exemple me sert encore aujourd'hui pour expliquer la difficulté qu'ont les nouveaux projets de se faire remarquer pour les lecteurs, littéralement submergés de nouveautés et de rééditions.
Comme tout le monde, je me suis alors laissé tenter et j'ai acheté le T1. Nous devions être en 1987 et 1988. Il faudrait être bien malhonnête pour ne pas reconnaître que j'ai été accroché, comme tout le monde, par une histoire prenante et, comme toujours chez Van Hamme (qui mériterait cent fois un Grand Prix à Angoulême, bon dieu !), superbement mise en scène et, surtout, extraordinairement dialoguée et dessinée (j'ai toujours adoré le trait de William Vance, que j'avais découvert avec Bob Morane et Bruno Brazil). Bon, dès le début, j'ai regretté que l'action se passe aux Etats-Unis dans l'entourage du Président (c'est une de mes marottes que de considérer ce cadre comme trop convenu), et que le thème de l'amnésique ne soit pas si original que ça. Mais le découpage de Van Hamme est si efficace qu'on ne peut pas bouder son plaisir.
Je reste tout de même persuadé que la série a une première fois pris fin au T8, lorsqu'on a su qui était le n°1 (à ce propos, petite réflexion de forme : l'album 8 n'aurait jamais dû s'appeler "Treize contre un" mais bien "XIII contre I" - ou, au pire, "Treize contre Un"). Ensuite, la magie opérait moins, car on avait l'impression que l'histoire principale avait déjà été racontée. Il était pourtant assez évident qu'il fallait aller jusqu'au T13, histoire de boucler la boucle. Le courage des auteurs aurait peut-être été de vraiment s'arrêter là...
Ils ne l'ont pas fait. Dommage ou tant mieux, c'est selon. Moi, j'ai un peu décroché à ce moment-là. J'ai quand même continué à lire les albums, mais plus par curiosité ou conscience professionnelle que par passion. Pour moi, le T15 est le plus creux de tous, et il possède en plus un titre qui me semble regrettable car ne ressemblant à rien : Lâchez les Chiens... En revanche, je me souviens avoir été captivé par le T17 (L'Or de Maximilien) et son décor fantastique... Comme quoi, les grandes séries ne meurent jamais !
Ce qui me gêne aujourd'hui, c'est non pas l'opération médiatique (tout le monde ferait pareil à la place de l'éditeur), non pas l'opération éditoriale qui consiste à récupérer Giraud-Moebius pour faire un coup (on me l'aurait proposé, j'aurais dit oui, bien sûr), c'est l'aveu de Van Hamme qu'il a hésité jusqu'au bout sur l'identité réelle de XIII. Comme il le dit candidement dans plusieurs interviews, il avait le choix et jusqu'au dernier moment il ne savait pas quelle option retenir... Je ne suis pas sûr que l'immense JVH avait intérêt à le dire comme ça. Car on sait maintenant que l'identité de XIII, eh bien ça aurait tout aussi bien pu en être une autre ! Ca fait un peu bizarre tout de même. Aurait-on fabriqué une fin parce qu'il le fallait bien ?... Faut-il dès lors plaindre Van Hamme parce qu'il y a été contraint ou lui reprocher une roublardise dénuée de tout scrupule ?
On hésite, tout en saluant la performance de l'artiste, toujours le plus grand scénariste franco-belge vivant. Et comme tout le monde, je lirai ces deux albums...

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