10 septembre, 2009

Un Prophète ***


de jacques audiard avec tahar rahim, niels arestrup, adel bencherif

Malik, débarque en Centrale, pour 6 ans. Il se retrouve rapidement piègé par les Corses, dont leur chef, César, l'oblige à tuer, en lui garantissant sa protection.

Le plus difficile est de s'abstraire de tout ce qui a été dit sur ce film, cette sortie "événement" aprés le Grand Prix de Cannes, cette sorte de Palme d'Or méritée ou "film français de ces dernières années", de s'imaginer découvrir le film à froid, sans le reste. Quasi impossible. Mais si on n'essaye pas de vérifier si c'est le chef-d'oeuvre annoncé, c'est... un trés grand film. Une claque comme par exemple le mexicain "Amour chiennes", pour le coup sorti de nulle part à la sortie. Il faut se coltiner du cinéma à doses fortes pour se rendre compte que c'est du trés haut niveau. Avec cette intelligence, qui fait que ce film restera, qu'Audiard n'essaye pas de nous sortir le film ultime, c'est un polar, "de prison", un film de genre, mais tellement bien filmé, raconté, joué. Un des gros atouts du film, "il se passe des choses'", ce n'est pas juste l'espace claustro de la tôle, de nombreux personnages, des sorties (les "perm" de Malik), de l'action, tout ce qui fait qu'un film est mémorable, se revoit et n'est pas juste brillant. Les 2h30 se justifient pour à la fois nous raconter une histoire et faire sentir le temps qui passe et l'évolution de Malik de petite frappe en caid. Cela rappelle, dans le genre polar, le superbe "L 627" de Tavernier, l'un des films français des 90's. Ce sera clairement le =as de ce "Prophète" pour les années 2000. Aprés un début trés costaud, violent, Audiard sait aussi ne pas enfermer le spectateur dans une peur de cet univers, suit un long passage de vie quotidienne, d'apprentissage de la prison, d'"éducation" de Malik. Mais la tension est toujours présente. Que dire de cette réalisation sinon qu'elle impressionne parce que jamais gratuite, ne pas faire de la belle image, encore moins que dans ses films précédents, vraiment l'inverse de "Mesrine" (même si le point de vue de Richet se défend), pas évident quand on est aussi doué. Magnifique et sobre. Audiard se construit en quelques films une filmographie digne de celle de James Gray. Interprétation : Rahim et Arestrup impressionnant chacun dans son genre, l'un en débutant, pour "le rôle de sa vie", l'autre, vieux briscard, souvent crispant par son jeu complaisant de type à la dérive mais qui se révèle totalement avec Audiard. Un des grands rôles du cinéma francais, d'ores et déjà. Film réaliste, pas politiquement correct, les Arabes et les Corses qui tiennent les prisons, la corruption, implacable sur la violence de cet univers et celle du monde extérieur.

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